Dans trois mois, les fans du chanteur kabyle de la passion, Hacène Ahrès, retrouveront, dans les bacs, son nouvel album.Dans son nouvel opus, le chanteur qui a retrouvé, la semaine dernière, un public chaleureux au théâtre de Verdure, a remis ses anciennes recettes faites de rêves et d'amour. Il a également rendu hommage comme il a eu à le faire dans ses précédents albums au rebelle, Matoub Lounès, une série d'hommages aux anciens. Les anciens de la chanson kabyle, s'entend ! C'est ce qu'il a fait, d'ailleurs, lors de son spectacle éclatant au complexe Laâdi Flici. Plus de 20 ans, compteur de sa longue carrière parsemée de quelques silences et d'un rejet viscéral des médias publics, notamment la Télévision nationale. Pour l'anecdote, Hacene Ahrès a, lors d'un concert, qu'il devait animer il y a trois ans, à la salle El Mouggar, failli lyncher une journaliste qui lui avait demandé un entretien. “Je ne parlerais jamais pour ce canal chauvin !” avait-il lâché. La journaliste insista en lui expliquant qu'elle travaillait non pas à l'ENTV mais à Canal Algérie, une chaîne d'expression française. Le chanteur qui ignorait alors que L'ENTV et Canal Algérie c'est kif kif, “ l'Unique ” étant la chaîne mère, avait fini par lâcher du lest. Hassene Ahrès s'est toujours abreuvé des chants de ses aînés à qui il voue une admiration sans faille : les Aït Menguellet et les Matoub Lounès ont été non pas ses potes ou ces compagnons, mais ses maîtres. Lui aussi, comme eux, a touché un peu à l'engagement pour réhabiliter la culture amazighe ; lui aussi s'est révolté contre un ordre qui niait les petites gens ; lui aussi a chanté l'olivier et la femme kabyle….. Tizlit icebhit usefru (du matin au soir l'ode…..) : l'une des ses nouvelles chansons révèle que l'artiste n'a pas évolué d'un iota. Car il avoue ce que tout le monde sait, que pour durer “ il faut opter pour la chanson à texte ”, insiste-t-il. La voix, de ce natif de Larbaâ Nath Irathen à Tizi Ouzou, est reconnaissable parmi mille autres. Qu'on s'y attarde et c'est toute une période qui revient. Ahrès s'est fait connaître par ses mélopées qui parlent d'amour déçu. Tavrats bwul (la lettre du cœur), une chanson de ses chansons, résume toute la trame qui parsème ses opus. Il est obsédé par cette envie de se relever, de sortir glorieux des déceptions de la vie, notamment celles de l'amour. Le chanteur est le troisième rejeton d'une fratrie, qui compte un cardiologue et un enseignant de physique. Il a embarqué avec lui deux de ses frères. De cette traversée, il n'en reste qu'un, Hakim, qui l'accompagne toujours à la derbouka. Des disciples, il en a plusieurs. Tidaf Hakim, l'un des chanteurs marqués par son empreinte, sortira un album incessamment, dans la même veine que celui de l'auteur- interprète du village Adni. Abella Belaïd, ce jeune qui a fait ses apprentissages à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, est toujours au violon ; au bendir, c'est Boulharès Madjid qui l'accompagne. Un album, dans lequel d'autres musiciens prendront part, sera mis en vente dans les bacs d'ici trois mois, si tout va bien. Pour Ahrès qui n'a pas produit d'album depuis 2006, la volonté n'y est plus. Des projets, il en a pourtant. Il compte ainsi rendre hommage aux siens. La liste des artistes morts, pour certains, ne serait guère exhaustive, relève Ahrès qui fera le relais avec les familles et les proches amis. Slimane Azem, Ahcène Mezani et d'autres artistes toujours vivants, à l'instar de Belhanafi, Meziane Rabah et Mejahed Hamid ne seront pas oubliés puisque le même hommage appuyé leur sera rendu. Une série de concerts sera donné dans l'enceinte du complexe Laâdi Flici, chaque semaine, où des expositions et des conférences seront organisées à l'occasion de ces journées. Ces manifestations coïncideront, rappelle Ahrès, avec la Semaine de la musique kabyle qui débutera le 5 mars et verra la participation de Rabah Ouferhat et quelques autres chanteurs connus des mélomanes kabyles. Ahrès, l'inamovible sera revenu par la grande porte !