Depuis la tenue de la conférence d'Annapolis aux Etats-Unis à la fin de l'année 2007, au lieu de voir l'ébauche d'une issue au conflit israélo-palestinien qui perdure depuis une soixantaine d'années, le monde assiste, sans broncher, à un grave enlisement de la situation. Plus d'agressions armées, plus de barrages militaires et de colonisation en Cisjordanie occupée y compris dans la ville sainte d'El Qods. Le gouvernement israélien et son Premier ministre, Ehoud Olmert, dont la popularité est en chute libre suite aux résultats catastrophiques de la guerre menée contre le liban durant l'été 2006, mènent actuellement une politique de sauvegarde, basée sur la poursuite des rencontres avec les responsables de l'Autorité palestinienne, à leur tête le président Mahmoud Abbas, donnant l'impression de vouloir négocier mais sans rien céder sur le terrain et la poursuite des agressions armées brutales contre les Palestiniens de la bande de Ghaza, d'où l'armée israélienne s'est retirée unilatéralement en 2005, pour mieux l'étouffer par un embargo féroce, sous le prétexte de la domination de cette enclave, depuis le mois de juin 2007, par le mouvement islamiste Hamas. Cette politique israélienne, qui en dit long sur la stratégie de l'Etat hébreu quant à la solution de la cause palestinienne, pousse l'ensemble des Palestiniens au désespoir, un sentiment humain dont les retombées peuvent se traduire, malheureusement, par des actions incontrôlables, pouvant replonger la région du Proche-Orient dans un chaos d'où il sera difficile d'en sortir. Aujourd'hui, tout indique que les Palestiniens ont perdu tout espoir de voir leur vie s'améliorer d'une façon ou d'une autre. Ce sentiment de désespoir touche tous les niveaux, à commencer par certains responsables de l'Autorité palestinienne, membres des délégations chargées des négociations avec l'Etat hébreu, qui, après chaque rencontre, se déclarent mécontents de ces négociations stériles qui ne mènent à rien de concret. L'impasse dans laquelle se trouvent les négociations entre les deux parties pouvait être lue dans la récente déclaration de Yasser Abd Rabo, secrétaire général du Comité exécutif de l'OLP, lorsqu'il a émis la possibilité, à l'image du Kosovo, de déclarer l'indépendance de façon unilatérale. « Notre peuple a le droit de proclamer son indépendance comme le peuple du Kosovo. Nous avons été occupés bien avant que le problème du Kosovo ne surgisse », a déclaré Yasser Abd Rabo. « Il faut que des mesures soient prises en vue d'une proclamation unilatérale d'indépendance, comme le Kosovo l'a fait, et le monde devra ensuite se charger de mettre fin à l'occupation de notre terre », a-t-il ajouté. Il a rappelé que l'indépendance symbolique proclamée en 1988 par le chef historique des Palestiniens, Yasser Arafat, n'avait « jamais été appliquée sur le terrain, car nous voulions que cela soit fait par la négociation ». De son côte, le Premier ministre, Salam Fayad, a estimé que « les choses n'ont pas suffisamment bougé » depuis Annapolis pour envisager un traité de paix d'ici onze mois. « Pour que cela se produise effectivement, le rythme doit être accéléré, et accéléré de façon significative », a-t-il dit. Quant au président Mahmoud Abbas, il a exclu la possibilité de déclarer unilatéralement l'indépendance des territoires palestiniens. « Nous poursuivrons les négociations en vue d'aboutir durant l'année 2008 à un accord de paix comprenant le règlement final de toutes les questions centrales, y compris El Qods », a dit le chef de l'Autorité palestinienne. « Mais si nous ne pouvons aboutir à cela et si nous arrivons dans une impasse, nous nous en remettrons à notre nation arabe pour prendre au plus haut niveau la décision qui s'impose », a ajouté le Président palestinien. Au niveau de la rue et du simple citoyen, au-delà des échos décourageants des négociations de paix, les difficultés quotidiennes dues au déchirement interpalestinien, à l'embargo dans la bande de Ghaza, à la multiplication des barrages militaires en Cisjordanie occupée, au marasme économique, à la sensation d'être prisonnier de sa ville ou de son village, poussent au désespoir. L'atmosphère dans les territoires palestiniens ressemble étrangement à celle qui a suivi l'échec des négociations de camp David en juillet 2000, entre le président défunt Yasser Arafat et Ehoud Barak, Premier ministre israélien à l'époque et actuel ministre de la Guerre, lorsque le président Bill Clinton a échoué dans son ultime tentative de rapprocher les deux parties. La suite tout le monde la connaît, une seconde Intifadha et plus de 6000 Palestiniens tués par l'armée israélienne.