L'objectif de réalisation de 10 000 logements pour 2008 est menacé par l'arrêt des chantiers. L'intervention de l'Etat pour réguler le marché des matériaux de construction s'avère impérative. Y a-t-il une volonté délibérée de saboter le programme présidentiel d'un million de logements ? La confédération algérienne du patronat (CAP) a apporté, à ce propos, quelques éléments de réponse. Lors d'une conférence de presse, animée mercredi dernier, le premier responsable régional de la CAP, le docteur Abdelhamid Salhi, a tiré la sonnette d'alarme sur la situation critique qui caractérise, ces derniers temps, le marché des matériaux de construction. « Nous ne pouvons plus supporter la pénurie qui frappe deux produits vitaux dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, en l'occurrence le ciment et le rond à béton », dira celui-ci. Ces matériaux font l'objet d'une spéculation outrancière, à telle enseigne qu'ils sont devenus inaccessibles et leurs prix, qui ont connu une hausse vertigineuse, n'arrangent guère les affaires des entreprises de réalisation, a-t-il ajouté. Si le prix du sac de ciment, qui a atteint 560 DA, trouve néanmoins une explication plus au moins acceptable à cause de l'arrêt programmé de l'usine de Hdjar Essoud de Azzaba (Skikda), celui, par contre, du rond à béton, vendu à 6 700 DA/t, n'est pas justifié, d'autant plus que la région compte assez de laminoirs implantés dans les zones industrielles de Berrahal et d'El Hadjar en mesure de répondre à la demande. La CAP, qui entend donner un coup de pied dans la fourmilière, va jusqu'à interpeller les pouvoirs publics sur cette situation qui risque, si elle venait à perdurer, de bloquer les chantiers, et de ce fait les projets de logements ne seraient pas livrés dans les délais, alors qu'on table sur la réception en 2008 de plus de 10 000 logements sur un programme en cours dépassant les 22 000 unités. Il va sans dire que les pouvoirs publics n'ont pas prévu, lors de l'élaboration de ces projets, une telle situation, ni les mesures d'accompagnement des entreprises de réalisation, estiment les membres de la CAP, qui entendent peser de tout leur poids pour lever les contraintes qui s'érigent devant l'outil de production. L'intervention de l'Etat pour régler le marché des matériaux de construction s'avère impérative, et ce afin de libérer les entreprises de réalisation qui, au rythme où vont les choses, seront obligées de mettre la clef sous le paillasson. Faut-il se tourner vers l'importation du ciment et du rond à béton, ou continuer à subir la pénurie avec les conséquences fâcheuses se répercutant sur les entreprises et l'emploi ? s'interrogent les membres de la CAP, qui plaident, d'autre part, sur la mise à niveau des structures de l'Etat dans la perspective de donner une nouvelle dynamique au développement du pays. La Cap a, dans ce sens, un programme de travail qu'elle va mettre en œuvre avec les institutions, entre autres, le port, les Douanes, la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) et les directions de l'exécutif de wilaya concernées pour tenter de trouver des solutions appropriées à la « panne » de développement qui frappe le pays.