Le mis en cause est jugé pour avoir conduit en état d'ivresse, même si le constat stipule que le véhicule était, au moment de l'interpellation, à l'arrêt sur la bande d'urgence. La voiture était à l'arrêt, sur la bande d'arrêt d'urgence de la voie rapide qui ceinture la partie sud de la capitale. Au volant, un homme avec un téléphone portable collé à l'oreille. Celui-ci qui occupait le siège réservé au conducteur est interpellé par un motard de la Sûreté nationale. L'agent des services de la sécurité routière lui réclame les papiers. Non pas parce qu'il utilisait un téléphone cellulaire, le code de la route n'interdisant pas l'usage de ce moyen de communication lorsque le véhicule est immobilisé. Le policier avait soupçonné que l'homme était en état d'ébriété. L'état d'ivresse sera confirmé par la suite après la procédure d'usage (alcootest), selon le rapport de police. Ainsi, le mis en cause est poursuivi par la justice sans avoir été mis sous mandat de dépôt. L'affaire a été jugée le 17 février 2008. Le mis en cause reconnaît les faits. Il ne s'attardera pas sur « cette histoire qu'il a envie d'oublier ». Mal à l'aise, il affiche une mine de coupable. Il n'en dira pas plus, laissant le soin à son avocate de prendre sa défense. La robe noire insiste sur le fait que le véhicule était à l'arrêt. « Mon mandant ne conduisait pas son véhicule lorsqu'il a été interpellé. Il était à l'arrêt sur la bande d'arrêt d'urgence. Il avait pris la décision de ne pas conduire parce qu'il se sentait un peu fatigué et qu'il ne voulait pas mettre sa vie et celle des autres en danger. J'espère que le tribunal prendra cela en considération », soulève l'avocate. Dans un souci d'amener le tribunal à faire montre de clémence envers son mandant, elle ajoute : « Il vient de perdre son père. Du coup, il se retrouve responsable de toute une famille. Il n'a que des sœurs pour lesquelles il se consacre désormais corps et âme. Certes, il avait pris quelques verres d'alcool. Sa vie a basculé. Il ose espérer le pardon. » Le président tient toutefois à préciser que « si le mis en cause était à l'arrêt, c'est pour faire usage de son téléphone ». Une manière de signifier que la conduite en état d'ivresse était au chapitre, « n'était le besoin de recourir au téléphone ». Avant de passer à une autre affaire, le juge demande à l'accusé de revenir au tribunal le 24 février pour le verdict. Tête baissée, il quitte précipitamment la salle d'audience, imaginant certainement le pire. « Si j'avais tué quelqu'un, je ne me le pardonnerai jamais. » Ce sont peut-être les propos qui défilaient dans la tête de l'homme.