90% des conducteurs portent la ceinture de sécurité, contre 29% en 2004. La mise en œuvre de dispositions rigoureuses régissant la circulation automobile commence à porter ses fruits. Près de trois mois après l'entrée en vigueur de la loi 04-16 portant nouveau code de la route, les accidents de la circulation ont enregistré une baisse très sensible. Les chiffres à la disposition du ministère des Transports confirment cette tendance. Selon Omar Touati, directeur de la circulation routière, le nombre des accidents a régressé de 25% depuis le 1er mars dernier. Dans une déclaration hier à l'APS, en marge de la cérémonie d'ouverture des plis techniques pour la réalisation du métro d'Alger, le collaborateur de Mohamed Maghlaoui a révélé, par ailleurs, la diminution du nombre de morts de l'ordre 31% pour le seul mois de mars, et ce, comparativement à la même période en 2004. Qualifié de “très encourageant”, ce progrès est inspiré, selon M. Touati, par “le changement du comportement des usagers de la route”. Forts du laxisme ambiant, les automobilistes auparavant appliquaient leur propre loi. Au fil des années, la route s'est transformée en boucherie. Avec un bilan de 3 428 morts durant l'année écoulée, l'Algérie s'est hissée au quatrième rang mondial en matière d'accidents de la route. En 2004, la Sûreté et la Gendarmerie nationales en comptabiliseront 25 033 entraînant, outre les décès, 42 193 blessés. La route étant devenue une véritable hécatombe, l'insécurité routière ne devait pas laisser les pouvoirs publics insensibles indéfiniment. La promulgation en novembre dernier d'une nouvelle version plus drastique du code de la route exprimait cette préoccupation. Entrées en guerre contre les chauffards, les autorités ont inséré dans la loi pas moins de 17 interdits entraînant le retrait immédiat du permis de conduire. Les pratiques prohibées comprennent, entre autres, le non-port de la ceinture de sécurité, l'excès de vitesse, la conduite en état d'ivresse ou sous l'emprise de la drogue, ainsi que le non-respect des feux rouges, des sens interdits et de la bande d'arrêt d'urgence sur les voies rapides. Outre le volet répressif, le code de la route accorde une place prépondérante à la prévention des accidents grâce, notamment à la consolidation de la formation des futurs conducteurs ainsi que le meilleur entretien du réseau routier. Cependant, si les Algériens sont jusque-là restés sourds aux campagnes de sensibilisation et de prévention routières, le recours à la coercition a fait plier les plus récalcitrants à l'application de la réglementation. D'après M. Touati, 90% des automobilistes portent la ceinture de sécurité actuellement, contre 29% en 2004. Les réfractaires l'ont chèrement payé à travers la confiscation de leur permis de conduire. Plus de 10 000 retraits ont été effectués depuis mars dernier. Durant la saison estivale réputée pour être la période la plus désastreuse en matière d'accidents, les conducteurs devront redoubler de vigilance car policiers et gendarmes vont sévir. Des dispositifs spéciaux, impliquant un déploiement plus vaste sur les axes routiers fréquentés par les estivants, seront mis en branle dès le mois de juin prochain. S. LOKMANE