C'est la semaine de tous les dangers au Kenya. L'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, travaille d'arrache-pied pour rapprocher le président Kibaki et son opposant Odinga. Les deux frères ennemis sont tout proches d'enterrer la « machette de guerre ». Et pourtant Taifa Leo, le principal quotidien du pays en langue swahili, a publié mardi 12 février en une la photo d'une vieille dame. Une « mama » kényane traquée par la presse internationale. Il s'agit de Sarah Hussein Obama, 86 ans, un regard malicieux et surtout un petit-fils aux portes de la Maison-Blanche. Le journal raconte que Sarah est devenue une star planétaire, photographiée sous toutes les coutures, interviewée dans toutes les langues et filmée par les caméras du monde entier. La vieille dame, qui vit loin de tout au bord du lac Victoria, est la personne qu'il faut rencontrer quand on est envoyé spécial au Kénya. Il faut dire, ironise Taifa Leo, que les journalistes étrangers n'ont plus grand chose à se mettre sous la dent depuis la fin des violences dans la vallée du Rift et les bidonvilles de Nairobi. Du coup, la grand-maman de Barack Obama assure l'entracte médiatique, tandis que les politiciens kényans marchandent à prix d'or leur ralliement au camp de la paix. Mais ce n'est pas tout. Le quotidien kenyan rapporte aussi que Mama Sarah est également harcelée par tous ceux qui veulent décrocher un visa pour les USA. Et voilà l'alerte octogénaire dans le rôle d'entremetteuse de la « green card ». Ce qui dérange au plus haut point l'équipe de campagne de Barack Obama. Sa crainte : qu'on reproche au candidat démocrate d'avoir un faible pour le pays d'origine de son père, alors que l'Amérique ne veut plus de vagues d'émigrants des pays émergents. Du coup, Sarah Obama est priée de se taire. Et c'est un ordre du bureau de campagne de son petit-fils qui contrôle désormais les faits et les gestes de la vieille dame, en priant pour que les médias américains aillent voir ailleurs et mettent fin à cette saga qui rappelle l'origine africaine du poulain démocrate. Aujourd'hui, il est aussi difficile de parler à Mama Sarah que d'apercevoir un guépard dans la savane. Reste que les journalistes US n'ont pas dit leur dernier mot. Indomptables, ils sortent leurs dollars pour leur safari médiatique au pays d'Obama. PV, S. A. H.