L'ancien secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, est attendu aujourd'hui au Kenya pour entreprendre une médiation dans la crise politique qui ébranle le pays depuis près de trois semaines. Le diplomate ghanéen, en tant que chef d'un groupe de “sages africains”, cherchera à promouvoir un dialogue entre le président Mwai Kibaki et son opposant Raila Odinga. Sa tâche n'est pas du tout facile car les Etats-Unis et l'Union africaine s'y sont cassés les dents. Washington avait dépêché une adjointe de sa secrétaire d'Etat, chargée des affaires africaines, à Nairobi, sans succès, mais elle aussi a admis que l'opposition kenyane n'avait pas tout à fait tort alors que Bush avait été le premier à féliciter Kibaki pour son second mandat ! Le président en exercice de l'UA devait lui aussi essuyé un échec, rejeté par l'opposition qui a suspecté en lui un parti-pris. Et, d'autre part, sa mission n'est pas la bienvenue chez Kibaki dont un proche, le ministre des Routes et des Travaux publics, s'est déclaré hostile à sa médiation et à tout autre forme de médiation. Kibaki a gagné et il n'y a rien à négocier, a-t-il confié à la presse kenyane avant l'arrivée de l'ex-SG de l'Onu. La réélection contestée de Kibaki le 27 décembre a provoqué une vague de violence politico-ethnique dont le dernier bilan est d'environ 700 morts. Renouvelé le même jour que la présidentielle, le Parlement kenyan devait entamer ses travaux hier dans un contexte tendu. L'opposition du Mouvement démocratique orange (ODM), qui a remporté les législatives aux dépens du parti de Kibaki, Parti de l'unité nationale (PNU), a promis de s'asseoir sur les sièges réservés aux membres du gouvernement qu'elle considère comme illégitime. Odinga a, en outre, appelé à des manifestations que la police a averti interdire coûte que coûte. À Nairobi, les populations s'attendent au pire. Si la situation perdure, le Kenya risque de glisser dans une guerre tribale. C'est le dilemme de nombreux pays où la démocratie n'est pas encore assise. D. B.