Stockées dans de mauvaises conditions, ces matières peuvent être à l'origine de graves atteintes, aussi bien à la santé des populations qu'à l'environnement. Avec l'ouverture quelque peu anarchique et confuse du marché national, et les avancées technologiques connues à différents niveaux de la sphère économique, une grande variété de produits chimiques est aujourd'hui importée, utilisée, échangée, stockée ou commercialisée dans plusieurs wilayas du pays, notamment à Annaba. Il s'agit surtout des produits chimiques agricoles (pesticides et engrais), des produits chimiques utilisés dans les procédés industriels, ceux pétrochimiques, y compris pétroliers raffinés, et enfin les substances chimiques existant dans les produits de consommation tels que ceux de nettoyage, les peintures et les solvants. Stockées dans de mauvaises conditions, ces matières peuvent être à l'origine de graves atteintes, aussi bien à la santé des populations, qu'à l'environnement. C'est d'ailleurs ce qu'a laissé entendre M. Halimi, président de l'association nationale de la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (Anpep) de Annaba, lorsqu'il cite l'exemple des produits chimiques agricoles (pesticides). Il dira, à ce sujet : « L'utilisation abusive des pesticides dans le secteur agricole durant les années 1970 a aujourd'hui engendré des stocks importants de substances périmées. Ces produits sont souvent stockés à travers le territoire national d'une manière anarchique, sans considération des risques pour la santé des personnes et pour l'environnement ». Pour étayer ses dires, notre interlocuteur se référera à l'inventaire national réalisé par le ministère de l'environnement. L'inventaire en question a fait ressortir que de 1975 à fin 1993, date de l'arrêt des importations, une moyenne de 18 000 t était annuellement importée, soit un total de 377 000 t en l'espace de 20 ans, et utilisées en grande partie. Cependant, l'Algérie traîne encore un important stock de pesticides périmés et est, par conséquent, tenue de trouver les solutions nécessaires devant lui permettre de s'en débarrasser. En effet, ce sont près de 984 t entre insecticides, fongicides, herbicides, produits nématiques, et rodenticides, qui attendent d'être éliminés. Toutes ces substances périmées sont considérées, selon M. Halimi, comme polluants organiques persistants et non persistants (Pop's), et peuvent être vecteurs de maladies, telles que le paludisme et la leishmaniose. Par ailleurs, et d'après la même source, le problème des polychlorobiphényles (PCB) est un autre dossier de pollution majeure devant être pris en charge. Ces huiles de synthèse, utilisées dans les transformateurs, condensateurs et disjoncteurs, constituent l'une des préoccupations essentielles des défenseurs de l'environnement. Et pour cause, près de 3 444,5 t d'huiles askarel, issues de 3 042 appareils en service et de 3 667 autres en rebut, sont une autre priorité de décontamination. L'exemple des 61 transformateurs rebutés et stockés dans de mauvaises conditions au niveau du complexe sidérurgique Ispat Annaba est très révélateur. Il dénote de la complexité des opérations d'élimination et de décontamination, qui inquiètent au plus haut point les pouvoirs publics. Selon M. Halimi « l'Algérie n'a pour le moment aucune infrastructure ni technologie à même de lui permettre de régler ce problème. L'élimination des déchets PCB ou autres doit passer par deux phases : vidange des huiles et des terres contaminées, décontamination des appareils électriques sur site et exportation des résidus de la décontamination ».