La remontée des eaux : un phénomène dont la simple évocation fait penser automatiquement à Ouargla et Oued Souf qui sont les plus touchées. Aujourd'hui, ces deux villes peuvent se targuer d'avoir réussi à endiguer ce problème à jamais. Les résultats sont là et la population enfin soulagée. Si Ouargla respire, c'est grâce aux directives du Président de la République, du suivi du wali, mais surtout au colossal travail qu'effectue depuis 2005 l'Office national d'assainissement (ONA), qui en est à ses derniers réglages. La remontée des eaux et l'inexistence d'un réseau d'assainissement et de drainage adéquat ont provoqué une vraie catastrophe. La cuvette de Ouargla s'étend sur une superficie de 100 000 ha dans une configuration géographique caractérisée par une topographie plane et sans exutoire. La forte croissance qu'a connue la région de Ouargla a induit des besoins significatifs en eau pour l'usage domestique, agricole et industriel, causant ainsi, de graves préjudices à l'environnement et l'écosystème. Ceci en plus d'une odeur insupportable des eaux usées qui se déversent à ciel ouvert, que l'on a commencé à sentir depuis le début des travaux en 2005. Une situation qui n'a pas laissé insensible le Président de la République. À l'occasion de sa visite à Ouargla en 2001, il a décidé de dégager une enveloppe financière avoisinant les 30 milliards de DA afin de traiter le phénomène de la remontée de la nappe phréatique. Les études pour cet immense projet que les Ouarglis qualifient de “projet du siècle” sont chapeautées par l'ONA et son directeur Nordine Hantout, ingénieur en hydraulique qui travaille en étroite collaboration avec les entreprises étrangères, à l'instar de Vinci et Butec, Dywidag, Eusobios et du groupement d'entreprises Onid/Foremyd. Des travaux qui se déroulent sous le contrôle et le suivi du bureau d'études français Safege. Le chantier s'articule sur sept grands axes, à savoir l'hydrologie, l'assainissement, l'épuration, le drainage, le transfert, la réutilisation des eaux épurées. Il faut cependant dire que la tâche n'a pas été facile pour l'ONA dont les chantiers ont dérangé un peu la sérénité de la population qui a manifesté sa colère à travers des émeutes. Un manque de communication entre cette population et les responsables de l'ONA est sans doute à l'origine de ce malentendu. Un bouillonnement populaire vite maîtrisé grâce à la prise de conscience des habitants de Ouargla et ses environs qui ont compris l'étendue de ce projet. Car il était dans l'urgence d'endiguer ce phénomène de la remontée des eaux, et de protéger la nappe contre la pollution et surtout protéger la population contre les différentes maladies. “Avec du recul, je comprends que ces travaux même s'ils dérangent ne seront pas éternels, par contre notre ville n'aura plus à souffrir des eaux usées et de leur remontée. C'est pour vous dire que le travail que fait l'ONA avec les entreprises étrangères ne vise qu'à améliorer notre quotidien et avoir un réseau d'assainissement digne de notre ville. Il fallait bien qu'on le fasse un jour”, reconnaîtra volontiers un habitant de la ville. Le projet est scindé en deux tranches : la tranche (I), prévisionnelle pour juin 2009 et la tranche (II) pour mars 2010. Pas moins de 4 500 emplois ont été créés depuis 2005. Quid de l'avancement des travaux ? “Le taux d'avancement est à 92% et il y a quelques débordements qu'il faut endiguer du côté de Zaouïa, car c'est le coin le plus bas de la région”, nous dira M. Hantout. Le wali de Ouargla de son côté suit de très près les travaux et reste en contact quotidien avec la direction de l'ONA. “C'est un projet qui me tient à cœur, surtout que le lancement des travaux a été fait par le Président de la République. L'Etat a mis les moyens. Aujourd'hui, il n'y a plus de mauvaises odeurs comme avant et les jeunes ont pu décrocher des postes de travail et profiter des connaissances étrangères et des nouvelles technologies. El-hamdoullah, tout marche bien et le projet est quasiment achevé.” La vallée de Souf reprend des couleurs Contrairement à Ouargla où l'ONA a eu à remettre en état un réseau selon les normes internationales, à El-Oued, il fallait tout inventer. Ce que l'ONA a fait avec son mégaprojet. C'est un soulagement total pour la population d'El-Oued. Aujourd'hui, la population de cette wilaya s'est mise au diapason des autres. D'ailleurs, le directeur de l'assainissement, M. Rachid Chaouche, avec qui nous avions visité toutes les installations de la ville, s'est montré satisfait du travail réalisé jusque-là et nous explique l'envergure de ce projet. “Ce projet est unique au monde dans les annales de l'hydraulique. C'est un projet objet de thèses à travers les nombreuses universités du monde. 40 ingénieurs ont subi des formations dans tous les chapitres de l'hydraulique pluridisciplinaires (drainage, hydraulique, hydrogéologique, réseaux, irrigation et épuration).” 680 km sur les 750 ont été réalisés avec l'apport des Chinois de Sinohydro, qui ont créé 2 800 emplois directs. D'ailleurs, sauf l'encadrement, toute la main-d'œuvre est locale. Ce qui a pour effet de créer un vrai équilibre dans la vallée du Souf. “Les Algériens se sont avérés être d'excellents élèves et il existe une réelle communication entre Algériens et Chinois”, ajoute notre interlocuteur. De son côté, le premier responsable de la wilaya de Oued Souf. Mustapha Layadi, qui suit lui aussi les travaux de près se dit très satisfait “Les conditions de vie de la population ont changé, en termes d'habitat et de besoin et de consommation d'eau. Il y a longtemps, la population puisait son eau de la première couche de terre. Or, avec ce besoin énorme, les gens étaient obligés de puiser au niveau de la troisième couche et déverser cette eau au niveau de la première couche, d'où la remontée des eaux. Ceci, avec le temps, étouffe les plantes, les palmeraies et influe négativement sur l'agriculture, sur la santé publique, avec aussi le risque de typhoïde. Sur cette base, l'Etat a mis sur pied un programme pour surveiller cette remontée. Une étude a été réalisée pour assurer avant tout une stabilité à notre population et je dois dire que nous sommes en train de tirer profit de l'expérience étrangère dans ce domaine”, se réjouit le wali. Quelques mois de patience encore et la remontée des eaux ne sera plus qu'un mauvais souvenir pour la population d'El-Oued. C. M.