Les atrocités de l'administration pénitentiaire ne doivent pas être oubliées pas plus que ce pan du parcours de tout un peuple qui s'est soulevé contre l'occupant. «Nous interpellons les autorités publiques pour transformer en monuments historiques, les prisons et les centres de détention. Seul l'ancrage historique, qui servira de témoignage aux générations futures, pourra faire connaître à nos enfants, sans le moindre doute, l'incontestable histoire, celle des éminentes opérations menées par les prisonniers durant la Guerre de Libération nationale, pour lutter contre l'atrocité de l'administration pénitentiaire coloniale.» C'est en gros, le souhait émis par l'un des moudjahidine, Boualem Chrifi, qui a animé, hier, une conférence sous le thème : «L'organisation et l'enseignement dans les prisons durant la Guerre de Libération nationale» au centre de presse d'El Moudjahid à l'occasion du 46e anniversaire de la grande opération de l'évasion de la prison Serkadji (ex-Barberousse), le 22 février 1962. Cette manifestation historique, organisée par l'association Machaàl El Chahid, a été axée sur les conditions de vie dans les prisons durant la colonisation. Avant d'évoquer les détails de la problématique de l'évasion, le moudjahid, Boualem Chrifi, a voulu décrire l'esprit de fraternité, de solidarité et de coopération qui caractérise particulièrement les détenus politiques entre autres, les condamnés à mort. Il a expliqué, en effet, que toute action à l'intérieur des prisons est dirigée par cette organisation du FLN que les prisonniers sont censés suivre et respecter. «C'est un moyen de coordination entre les prisonniers, jouant l'intermédiaire avec les partisans du FLN». En outre, ce moudjahid a regretté toutes les transcriptions qui ont été effacées des murailles des cellules. Pour lui, «chaque empreinte représente, en fin de compte, un détail tragique qui marque l'histoire des torturés». Lors de cette rencontre, de nombreux témoignages ont été apportés par les moudjahidine, qui ont vécu les affres de la prison et la férocité de l'administration pénitentiaire coloniale. Ils ont évoqué à cet effet, le rôle de l'éducation et de la sensibilisation politique, qui a mis en branle la flamme patriotique. Mustapha Fellel, délégué par le FLN, a évoqué l'événement de la fameuse évasion de 26 prisonniers à la veille du cessez-le-feu, rendue possible grâce à la mobilisation d'une discipline parfaitement assurée par l'attachement aux idéaux de la lutte armée. Il a ajouté que certains évadés du 26 février ont rejoint la lutte et beaucoup furent les héros d'actions menées contre l'armée française, notamment l'OAS.