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Paris . 14e Maghreb des livres
Etals en débats
Publié dans El Watan le 28 - 02 - 2008

Cette édition a vu encore des milliers de visiteurs se presser auprès des stands et des nombreux auteurs présents à la Mairie du 13e arrondissement.
Etalée sur un week-end (23-24 février), elle se singularise par la qualité de ses tables rondes. Centrées sur la Tunisie, invitée d'honneur, elles ont permis de s'interroger sur le théâtre, les origines du modernisme, les rapports entre juifs et musulmans dans ce pays… Mais deux tables rondes ont retenu notre attention : l'une sur la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration (CNHI) et l'autre sur Mostefa Lacheraf et le système éducatif algérien. Pour la CNHI, ouverte en octobre dernier, étaient présents son président Jacques Toubon, Driss el Yazami qui anime l'association « Génériques » et la sociologue Catherine Wihtol de Wenden. Devant un auditoire nombreux, Jacques Toubon a rappelé la genèse d'un projet dû, pour l'essentiel, à l'engagement de personnes venues d'horizons divers qui ont transcendé leurs différences pour créer cet outil unique en Europe. Aujourd'hui, l'objectif de reconnaissance de la place de l'immigration dans l'histoire de la France a bien avancé. En cinq mois, plus de 70 000 visiteurs ont découvert le musée et la CNHI a multiplié ses partenariats avec le monde institutionnel, l'Education nationale en particulier. Jacques Toubon, député européen et ancien ministre, n'a pas tiré la couverture vers les politiques, rendant au contraire hommage à l'historien Gérard Noiriel qui, le premier, a parlé de « creuset français », ainsi qu'à Driss el Yazami et son fameux rapport de 2001 sur la création d'un musée, à la demande de Lionel Jospin. Mais, si depuis 20 ans certains militaient pour la création d'un tel lieu, il faudra attendre la mission dévolue à M.Toubon en 2003 au lendemain du traumatisme de 2002 (Le Pen présent au 2e tour des présidentielles). Jacques Toubon a insisté sur la philosophie de ce musée : « faire connaître et reconnaître l'immigration, et changer le regard portésur elle , car c'est aussi dans les têtes que tout se joue ». Par sa conception et sa réalisation, l'exposition permanente est une vraie réussite embrassant deux siècles d'une « histoire peu connue parce que non enseignée alors qu'elle est aussi l'histoire de la France… ». Driss el Yazami commence par une anecdote significative : l'inauguration de la Mosquée de Paris en 1926 lorsque la France se voulait une « puissance musulmane ». Aussi significative, la présence à cette ouverture de Cheikh Kaddour Benghebrit, algérien, premier recteur jusqu'en 1954, Cheikh Lalaoui, de la zaouia de Mostaganem, Mahieddine Bachetarzi, dramaturge et premier muezzin de la Mosquée, et Messali Hadj, père du nationalisme algérien qui, la même année, crée le parti de l'Etoile Nord-Africaine. Selon el Yazami, la Cité de l'Immigration résulte d'un long processus fondé sur l'accumulation du savoir scientifique des années 80, sur l'engagement du mouvement associatif sur la mémoire et les polémiques autour de l'esclavage, la colonisation, les guerres d'indépendance et ses corollaires, tels les harkis. Il annoncera un grand projet pour septembre 2009 : une expo consacrée à « un siècle d'histoire culturelle de l'immigration maghrébine en France ». Catherine Wihtol Wenden, sociologue, politologue et juriste de formation, fait autorité sur l'immigration. Elle soulignera d'emblée ce paradoxe : « La France, à l'inverse des USA par exemple, est un pays d'immigration qui s'ignore ». Rappelant les étapes de l'histoire de l'immigration depuis 20 ans, elle affirmera son credo de « raconter cette histoire de façon honnête ». L'équation Immigration-Emigration du regretté sociologue algérien Abdelmalek Sayad plana sur le débat, riche et contradictoire. La table ronde sur « Mostefa Lacheraf et le système éducatif algérien » fut un autre temps fort avec Aïssa Kadri, sociologue, et Daho Djerbal, historien, directeur de la revue Naqd, analystes pointus de la politique d'éducation algérienne. M. Kadri situera la place unique de Lacheraf dans l'histoire du mouvement national et, par la suite, son rôle pour tenter de redéfinir (en vain) les orientations de l'école algérienne. Il insistera sur la formation et l'éducation de Lacheraf à travers la Medersa d'Alger aux enseignements bilingues à l'inverse de l'Ecole normale de Bouzaréah. L'engagement « plébéien » de Lacheraf, fondé sur ses origines sociales, mettra en opposition les intellectuels de la différenciation (médersiens) et les intellectuels de démonstration et d'acculturation (normaliens) et analysera avec finesse le système colonial. Quelques chiffres pour étayer sa critique des « bienfaits » de la colonisation et de la « réussite » de son école : 10% d'enfants scolarisés en 1954 et 85% d'analphabètes en 1962 ! Mais professait-il encore, « l'école c'est toujours bon, fut-elle en patagon ou en zoulou ». Concernant l'école algérienne, il a toujours œuvré pour un « bilinguisme » de nécessité. Mais malgré son portefeuille de ministre de l'éducation, il devra se retirer, vaincu par la chape de plomb posée sur l'école depuis l'indépendance par la mouvance des oulémas. Nommé en avril 1977, il part en mars 1978. Il s'opposera dans ses écrits à Abdallah Cheriet qui professait l'unicité de la forme et du fond, quand Lacheraf les dissociait en appelant une réforme révolutionnaire des contenus. Daho Djerbal a surtout décortiqué l'idéologie rétrograde qui a gangrené l'institution scolaire et produit une génération de mutants par une pédagogie manipulatoire du réflexe de Pavlov (stimulus/réponse/renforcement) qui a structuré les consciences de jeunes élèves, dès lors prêts à toutes les aventures dont celle de l'intégrisme. On l'a dit, et Daho Djerbal insiste : « l'idéologie islamiste a été acquise et diffusée par l'école ». Il cite les 7 millions de scolarisés des années 70 (l'équivalent de la population tunisienne !) qui ont eu à digérer ces nouveaux codes qui n'allaient pas faire d'eux des citoyens à l'esprit critique, mais de simples clones issus d'un moule unificateur. A titre d'exemple, il citera la sourate « Al'Asr » (Le Temps) qui fait deux lignes et qui est devenue 4 pages de recommandations « pavloviennes » pour les enseignants et évoquera aussi la « névrose de la langue de l'autre », faisant des francophones le « résidu » du colonialisme français. Aujourd'hui, peu a changé, l'Algérie du XXIe siècle traîne encore une école sinistrée.

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