L'AMJ va lancer, dans les mois à venir, une campagne d'actions en faveur d'une presse libre avec d'autres organisations africaines et internationales de défense de la liberté de la presse et de la liberté d'expression. Dans cette perspective, El Watan a accueilli une délégation de journalistes maghrébins du 11 au 13 février pour un début pratique du programme de l'AMJ. L'Association mondiale des journaux (AMJ) redouble d'activité en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Il y a un an, elle a lancé un programme d'appui en faveur de la presse arabe indépendante. Selon Virginie Jouan, codirectrice du programme de développement de la presse indépendante à l'AMJ, cette initiative vise à renforcer la position des journaux indépendants dans le monde arabe. Cela en procédant notamment à l'amélioration de leur qualité technique et graphique. Autrement dit, leur donner un habillage attrayant, concurrentiel et beaucoup plus visuel. « Le quotidien El Watan est l'une des références et l'un des piliers de ce programme », souligne-t-elle. Plusieurs publications du Maroc, de Mauritanie, du Liban et de Jordanie figurent dans ce programme. A terme, ce sont douze publications indépendantes qui seront concernées par cette initiative qui s'appuie également sur un échange d'expertises. « Dans le cadre de ce programme, El Watan a porté un nouveau regard sur le traitement de l'information, sur les points d'entrée et les repères, sur l'infographie et la photographie. Une véritable réflexion a été initiée sur la formule du journal et son évolution. C'est essentiel », relève la codirectrice du programme. Virginie Jouan évoque également les futures actions que l'AMJ compte mener dans un avenir proche. Il s'agit, entre autres, de lancer, dans les mois à venir, une campagne d'actions en faveur d'une presse libre avec d'autres organisations africaines et internationales de défense de la liberté de la presse et de la liberté d'expression. Une telle campagne est dictée, selon elle, par le manque de la liberté d'expression et de la presse aussi bien en Afrique du Nord qu'en Afrique subsaharienne. « La presse nord-africaine et subsaharienne est paralysée par un arsenal de mesures répressives, allant de l'emprisonnement et de la persécution des journalistes au fléau généralisé que sont les lois sur la diffamation et l'injure publiques », dénonce-t-elle, précisant encore que sûr de ce constat « le conseil d'administration de l'AMJ a adopté, en juin 2007, la Déclaration de la Montagne de la Table qui appelle les chefs d'Etat et de gouvernement africains, ainsi que les dirigeants de l'Union africaine à se prononcer en faveur de la liberté de la presse et à dépénaliser les délits de presse ». Lorsqu'on est épargné de la prison, on subit des sanctions et des pressions financières. Cela pose un autre problème, estime Virginie Jouan qui considère comme « primordiale » la question des revenus. « L'accès des journaux indépendants à ces revenus est souvent entravé, que ce soit en Algérie, au Maroc ou en Egypte. Des pressions sont exercées sur les annonceurs par les autorités pour sanctionner des lignes éditoriales jugées trop critiques », atteste-t-elle, trouvant inconcevable que cela soit utilisé comme un moyen de pression sur les éditeurs. De telles pratiques sont aussi « préjudiciables » que le harcèlement judiciaire qui vise la presse indépendante arabe et ses dirigeants, soutient notre interlocutrice. Pour sortir de cette situation, Virginie Jouan plaide pour une justice indépendante qui est, souligne-t-elle, « un impératif pour garantir l'Etat de droit, quel que soit le pays concerné ». Aussi, il est, à ses yeux, évident que le progrès politique et économique ne peut aboutir que « dans un environnement où la presse est libre et indépendante de tout contrôle gouvernemental, politique ou économique ». « L'Afrique, conclut-elle, a instamment besoin d'une presse forte, libre et indépendante qui puisse contrôler les institutions publiques, un rôle essentiel qu'on l'empêche de jouer et sanctionne en recourant en particulier aux lois sur la diffamation et l'injure ».