Quel est l'objectif visé à travers l'organisation de cet atelier de formation ? A l'AMJ, nous avons un programme de développement des journaux arabes qui a commencé depuis 2006. Nous travaillons avec trois partenaires, dont El Watan. Déjà avec El Watan, nous avons fait un travail sur la réorganisation du processus rédactionnel et la mise en place d'une nouvelle maquette. Le deuxième volet de ce programme vise à encourager la coopération sud-sud entre les journaux des pays arabes. L'atelier que nous venons d'organiser en collaboration avec El Watan s'inscrit dans ce cadre. C'est-à-dire donner l'occasion au journal de partager son expérience avec d'autres confrères du monde arabe. Cette fois-ci, nous avons invité des journalistes du journal Al Masdar yéménite. On attendait également un collègue du Soudan qui n'est pas venu à cause du problème du visa. Je pense qu'il faudra encourager davantage les contacts entre les journaux arabes qui ont beaucoup plus de relations avec les médias occidentaux qu'entre eux-mêmes. On peut toujours s'entraider et échanger des expériences. Quelle idée vous faites-vous de la presse arabe en général et de la presse algérienne en particulier ? C'est ma première visite en Algérie et je peux vous dire que je suis tellement impressionnée par ce que j'ai vu, notamment à El Watan. Je suis épatée par ce niveau de professionnalisme et cette persévérance des journalistes à lutter pour la liberté de la presse en Algérie. J'ai travaillé durant 16 ans en tant que journaliste en Finlande et j'ai l'impression que le vrai journalisme qui prend en charge les doléances des sociétés n'existe pas en Occident. Ici en Algérie, il existe. Pour les peuples ayant des besoins de liberté et de démocratie, le rôle du journaliste est très important. Et je suis très contente de voir que mes collègues en Algérie assument parfaitement ce rôle. A mon avis, les Algériens ont beaucoup à apprendre à leurs confrères des pays arabes. Dans ces pays et avec l'émergence des nouvelles technologies, je crois qu'il y a des avancées considérables dans le domaine de la presse. Ce qui s'est passé en Iran en juin dernier est un exemple intéressant. Cela a montré que les régimes autocrates ne peuvent plus continuer à presser les peuples et à violer la liberté d'expression. Les peuples sont de plus en plus conscients. Et la prise de conscience amène les peuples opprimés à exiger plus d'ouverture et de liberté. Là, la presse indépendante a un rôle important à jouer. Vous avez parlé des programmes consacrés par l'AMJ au développement de la presse dans les pays arabes. Pouvez-vous nous dire quelles sont les actions que vous comptez entreprendre à l'avenir ? Le programme entamé en 2006 arrivera à son terme vers la fin du mois en cours. A mon retour à Paris, nous allons organiser des réunions pour envisager la poursuite du travail fait jusque-là. Parce qu'en Europe, les gens sont intéressés pas ces projets et veulent savoir ce qui se passe dans les pays arabes. Comme nous avons fait déjà un bon travail, je crois que nous allons continuer ce programme. Et la seconde phase, qui va se faire bien sûr avec El Watan, sera axée sur l'intensification de la coopération sud-sud.