L'armée israélienne continuait, hier, son oeuvre de destruction à Ghaza dans l'indifférence générale. «J'ai donné ordre à l'armée et aux forces de sécurité d'agir avec toute (leur) puissance pour poursuivre les terroristes, leurs idéologues et ceux qui leur offrent protection», a déclaré hier le Premier ministre israélien Ehud Olmert à l'ouverture de la réunion de son cabinet. «Nous ferons tout, je dis bien tout, pour libérer le soldat (...) Je le répète : personne ne sera épargné» a souligné le Premier ministre. En exécution à cette nouvelle escalade israélienne contre la bande de Ghaza, l'aviation israélienne a encore pilonné hier des infrastructures palestiniennes de ce territoire palestinien et frappé hier le bureau du Premier ministre palestinien, issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, alors que ce dernier était absent...Parvenu sur les lieux, IsmaIl Haniyeh a condamné cette nouvelle attaque aérienne israélienne, appelant la «communauté internationale» à intervenir pour «stopper l'agression» Ce raid est «une atteinte contre un symbole palestinien. Nous demandons à la communauté internationale et à la Ligue arabe de prendre leurs responsabilités envers notre peuple et d'intervenir pour stopper cette agression», a-t-il dit sur les lieux de l'attaque. Le Premier ministre palestinien a par ailleurs qualifié de «politique insensée» l'offensive militaire israélienne entreprise depuis mercredi aux fins de libérer le soldat capturé par la résistance palestinienne le 25 juin. Insensé est en effet le terme le mieux adapté à la démesure observée par les autorités israéliennes qui, privilégiant la force brutale, ont à dessein compliqué la donne rendant, a contrario, aléatoire toute tentative de libération du soldat israélien, du moins vivant. Et c'est sans doute ce que recherche Ehud Olmert qui n'arrive pas à s'imposer en Israël comme une alternative sérieuse au pouvoir laissé vacant par Ariel Sharon dans le coma depuis six mois. Cette politique irresponsable d'Ehud Olmert, aggravée par l'arrestation de ministres, députés et maires islamistes palestiniens, est cependant soutenue par les Etats-Unis qui ont approuvé l'attaque israélienne contre Ghaza. Ce qui rend sans objet toute réunion du Conseil de sécurité sur le dossier israélo-palestinien. Cela s'est en fait confirmé par le rejet vendredi par le Conseil de sécurité d'une résolution, condamnant l'offensive israélienne, demandée par l'observateur de la Palestine à l'ONU. En lieu et place un simple débat sur la situation prévalant au Proche-Orient a été tenu, disqualifiant en réalité l'instance internationale à connaître d'un conflit qui engage l'avenir de toute une région et mine son devenir. En empêchant le Conseil de sécurité d'agir sur le dossier israélo-palestinien comme l'y incitent les textes pertinents de la Charte des Nations unies, les Etats-Unis, qui prennent fait et cause pour l'un des belligérants, contribuent en réalité à l'aggravation du fossé qui sépare les communautés arabe et juive du Proche-Orient. Israël peut faire ce qu'il veut dans les territoires palestiniens occupés, réprimer, prendre en otage un peuple parqué dans le ‘'bantoustan'' -ce qui est le cas aujourd'hui de la bande de Ghaza, bouclée par l'armée israélienne- en constante menace d'intervention militaire comme en atteste l'offensive militaire déclenchée par Israël, tout cela dans l'impunité totale sans encourir de mise en garde, ni pression et encore moins une condamnation. La «communauté internationale» s'inquiète ainsi pour la vie d'un «otage» israélien, mais ne dit mot sur le million de Palestiniens pris en otage par Israël. C'est celle-là la réalité que Washington empêche le Conseil de sécurité de voir. Le comble est que quatre jours après l'enlèvement par l'armée israélienne des ministres, députés et maires du Hamas, c'est toujours le silence radio de la part de la «communauté internationale» qui, en revanche, continue de réclamer la libération du soldat israélien. A propos des tractations le concernant, l'espoir de le libérer s'amenuise comme l'indiquait hier le porte-parole de l'Autorité palestinienne Nabil Abou Roudeïna, selon lequel «les efforts se poursuivent mais pour l'instant en vain. Nous sommes proches de l'impasse» après un entretien entre le président palestinien, Mahmoud Abbas et un émissaire des Nations unies, Alvaro de Soto à Ghaza qui mènent des négociations avec le groupe des trois mouvements ayant revendiqué la capture du soldat israélien, ces derniers réclamant en contrepartie de sa libération, l'élargissement de 1000 détenus Palestiniens. «Les prochaines heures seront cruciales. Toutes les parties ont la responsabilité de trouver une solution pacifique», a affirmé M.Abou Roudeïna. «Les menaces israéliennes sont sérieuses et continues. Nous ne voulons pas que Ghaza entre dans une guerre sans fin» a d'autre part indiqué le responsable palestinien. Par ailleurs, le vice-président du Parlement, Ahmed Bahar, issu du Hamas, a affirmé hier que «le soldat capturé ne sera rendu qu'après une réponse aux demandes exprimées. Ces demandes proviennent de notre peuple tout entier et plus particulièrement des familles des prisonniers et des martyrs». Selon ce dirigeant du Hamas qui s'exprimait devant des étudiants, «les responsables (palestiniens) ont demandé à la résistance de préserver la vie du soldat afin qu'une réponse soit apportée à ces demandes qui sont la libération des prisonniers palestiniens». Le cercle infernal, domination, occupation, exactions d'Israël contre le peuple palestinien, auxquels répond la résistance des Palestiniens, ne semble pas devoir avoir de fin dans un avenir prévisible.