L'engouement est réel. L'intérêt vif. Le Vieil Alger ressurgit. Il reprend du poil de la bête. On exhume les souvenirs à coups d'images, de gravures et de photographies que l'on admire avec révérence. Effluves du passé. Fragrances et résurgences nostalgiques. L'affection que l'on attache à une époque disparue peut étonner et surprendre. Cette dévotion qui ne cesse de se fortifier s'étale copieusement dans les demeures, les cafés, les bureaux et les lieux publics. Alger des fiacres et des tramways, des esplanades et des collines exubérantes, des avenues fastes et cossues, des passants guindés et tirés à quatre épingles, fait florès. L'ancienne medina, avec ses mystères, son exotisme mauresque, ses femmes accoutrées à l'orientale, ses senteurs, s'arrache de l'oubli et ravive la mémoire. Rémanences qui portent la patine du temps. Il y a comme un désir qui s'avoue. Veut-on conjurer ou exorciser un malaise qu'attise une quotidienneté morose ? Le présent est-il si pauvre, étriqué, âpre à même de susciter des replis, des refus et des sauts dans un temps révolu ? Images d'Epinal, clichés figés pour l'éternité semblent venir à la rescousse pour combler une vacuité qui ne dit pas son nom. Loin de moi l'idée de m'atteler à un décryptage d'une pratique qui bouscule les marottes et les activités ludiques. Mais il est à peu près sûr que cette nouvelle passion, au demeurant innocente et sincère, charrie en filigrane une quête d'une existence que l'on idéalise à l'excès. Ces scènes et ces tableaux pétrifiés à jamais auxquels on prête des vertus ont de quoi faire réfléchir pour en déceler l'intime motivation.