Le Parlement européen vient d'adopter la «directive retour» qui dote l'Union européenne (UE) de lois communes en matière d'expulsion de clandestins. L'adoption de cette directive qualifiée de «honte» par les défenseurs des droits de l'Homme intervient au moment où l'initiative française d'une union pour la Méditerranée (UPM) est à un stade avancé de préparation. Ce nouvel espace, rappelons-le, est censé renforcer les différents espaces de rapprochement des deux rives de la Méditerranée dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler le dialogue Nord-Sud. «L'UPM, ce n'est pas le processus de Barcelone !» ont tenu jusque-là à expliquer ses initiateurs, le processus de Barcelone ayant, pour le moins, prouvé son échec à prendre en charge les dimensions politiques et sécuritaires de ce dialogue souhaité entre les deux rives. L'Algérie, qui attend de voir pour se prononcer de manière officielle et définitive sur la question de son adhésion ou non à l'UPM, entend s'y lancer une fois certaine que ses principales préoccupations seront prises en compte. L'essentiel étant de s'assurer que ce futur espace reposera sur un fonctionnement équilibré entre les rives opposées de la Méditerranée, avait précisé récemment le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, lors des travaux de la 15ème conférence ministérielle du Forum méditerranéen qui s'étaient déroulés à Alger. Il est également établi que l'Algérie, qui déclare soutenir toutes les initiatives visant à instaurer le dialogue et la sécurité dans la région du pourtour méditerranéen, entend mettre à profit son adhésion à l'UPM, notamment s'agissant de certaines questions sensibles et de première importance. Celle de la circulation des personnes demeure l'une d'entre elles, celle-ci n'ayant pu être jusque-là résolue dans le sens qui satisferait les exigences des uns et les attentes des autres. Et la tendance de l'UE à raffermir de plus en plus les conditions d'accès et de séjour des étrangers est loin d'augurer un quelconque compromis à l'horizon. Dans le cas de la France précisément, dont le Premier ministre est attendu aujourd'hui même à Alger, les déclarations de bonne intention sont loin de s'accompagner d'actions encourageantes. Il faut dire qu'avant même son accession à la tête du pays, Nicolas Sarkozy avait donné le ton de ce que serait sa politique s'agissant de la circulation des personnes en consacrant, durant sa campagne pour la présidentielle, le concept de «l'immigration choisie». Parce que la demande annuelle de visas d'entrée a diminué conséquemment à cette politique qui a encouragé davantage l'immigration clandestine, Alger attend un geste fort de Paris dans ce domaine. Elle l'a fait savoir à maintes reprises à l'occasion d'échange de visites des plus hauts responsables du pays et il n'est pas exclu que cette question soit abordée lors du séjour de F. Fillon en Algérie. S'il est vrai que le nombre de visas octroyés par la France aux Algériens a sensiblement augmenté ces dernières années, il n'en demeure pas moins que les restrictions imposées à une bonne partie de candidats à l'immigration ont prouvé leur inefficacité. L'Algérie et l'ensemble des pays émetteurs d'immigrants illégaux attendent une prise en charge de la question de la circulation des personnes dans un cadre plus concerté avec l'UE et surtout plus humanisé. Cela suppose aussi que les pays de la rive sud de la Méditerranée se doivent de prendre en charge le mal par sa racine à travers des politiques nationales encourageant le maintien de leur population. M. C.