L'Arabie Saoudite, à la tête de la présidence tournante de la Ligue arabe, a décidé de « revoir à la baisse » son niveau de représentation au prochain sommet de la Ligue, prévu à Damas les 29 et 30 mars, selon la presse libanaise. Les tensions entre la Syrie et le royaume vont crescendo sur fond de crise libanaise. Le Caire et Ryad, qui accusent Damas d'empêcher l'élection d'un président au Liban, ont conditionné le succès du sommet à la tenue des élections présidentielles libanaises. Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Al Mouallem, a rejeté ce lien et a affirmé que « le sommet se tiendra à la date prévue et le niveau de participation dépassera celui d'autres sommets arabes ». En une ultime tentative de sauver le 20e sommet, la Syrie a proposé une alternative à l'initiative arabe tenue en échec. La proposition, faite avant-hier par la Syrie à Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue, se résume ainsi : l'élection du commandant en chef de l'armée, Michel Sleimane, le 11 mars, contre la mise en place d'un gouvernement transitoire restreint et la tenue d'élections anticipées, sur la base de la loi de 1960, dans les 6 mois qui suivraient la mise en place de ce gouvernement. Proposition rejetée par le bloc du 14 Mars, la majorité libanaise. A l'aune des divisions actuelles et du blocage, rien ne laisse croire à la possibilité de la mise en place d'une délégation libanaise unique et unifiée au sommet de Damas. Avant-hier, des sources diplomatiques arabes indiquaient au quotidien L'Orient Le Jour, que le Liban pourrait « se faire représenter par deux délégations ou par une seule composée, entre autres, du Premier ministre Fouad Siniora et du président de la Chambre (Parlement) Nabih Berri ». Mais rien n'est encore joué, car il faut rappeler que la Syrie ne reconnaît pas le Liban. « La Syrie, abritant un sommet arabe centré sur cette même crise libanaise qu'elle n'a cessé d'attiser, est contrainte d'envoyer un carton d'invitation à une autorité libanaise qu'elle se refuse même à reconnaître, une autorité qui, en retour, l'accuse de tous ses maux, le tableau était assez surréaliste », écrivait hier un l'éditorialiste de L'Orient Le Jour. La tension reste extrême dans la région avec les messages envoyés par Washington. Hier, les Etats-Unis ont remplacé au large des côtes du Liban le contre-torpilleur USS Cole par deux autres bâtiments de l'US Navy, le croiseur USS Philippine Sea et le contre-torpilleur USS Ross. En outre, un troisième bâtiment, chargé du ravitaillement, continue de croiser dans la région, invisible du littoral libanais, comme les deux autres navires de l'US Navy. Hier, tous les regards étaient tournés vers Le Caire, où se réunissaient les ministres des Affaires étrangères arabes dans une sorte de rencontre préparatoire du 20e sommet.