Le manque d'hygiène et l'anarchie rêgnent en maîtres absolus dans ce qui semble être une structure hospitalière. Pis encore, celle-ci reçoit des patients de plusieurs wilayas de l'Est. Dommage, nos enfants paient pour le laisser-aller et la négligence des adultes. C'est une structure « très malade » que nous avons découvert, à la faveur d'une visite de la commission de la santé et de l'environnement de l'APW, présidée par le Dr Abdellah Benarab, en présence de deux membres élus, en l'occurrence le Dr Mohamed Aiche et Aldjia Aïche, accompagnés de Mohamed-Tahar Aït Kaki, directeur adjoint à la direction de la santé et de la population de la wilaya de Constantine. La situation désolante dans laquelle se trouve l'établissement, qui faisait naguère la fierté de la ville du Vieux Rocher dans les années 1970, laisse perplexe plus d'un. Avec ses équipements dépassés, le laboratoire des analyses bactériologiques n'est même pas conforme aux normes, de l'aveu même des spécialistes qui parlent des ruptures de réactifs lesquelles peuvent durer plus d'un mois. « Nous n'avons même pas un réservoir d'eau pour le nettoyage et l'entretien des lieux et du matériel », affirment des laborantins, qui se trouvent obligés de ce fait de remplir des fûts en plastique pour faire face aux coupures d'eau. Une situation qualifiée d'inconcevable. Dans les couloirs, on trouve plus de personnes qui passent leur temps à circuler que de médecins et de paramédicaux. Ces derniers qui, il faut le dire, déploient d'énormes efforts pour prendre en charge les malades, ont pour leur plupart le cœur gros, mais hésitent à se défouler en présence du représentant de la direction de la santé. Certains ont osé dénoncer les conditions de travail pénibles, le manque de formation, l'absence du transport dans un établissement qui se trouve dans un lieu peu sûr. « Nous payons tout de notre poche, et nous mangeons chez le gargotier du coin, faute de cantine, alors qu'on ne bénéficie ni de la prime de restauration ni de celle du transport », s'indignent des paramédicaux. Pour les praticiens, l'hôpital pédiatrique du Mansourah est complètement débordé, avec une seul bloc opératoire pour toutes les pathologies et une salle de réanimation non aseptisée, où se côtoient les bébés et les grands enfants opérés pour une appendicite ou une péritonite, avec tous les risques d'infections qui pourraient survenir. D'autres avouent, par contre, être débordés par le nombre impressionnant des malades évacués des wilayas de Mila et d'Oum El Bouaghi. Des admissions qui dépassent de loin les capacités de l'hôpital. La situation de l'anarchie qui y règne est telle que certaines salles de malades ont été transformées en réfectoires, alors que des sanitaires inondés sont exposés aux quatre vents. Les enfants malades semblent être livrés à la monotonie et l'ennui. Pas le moindre espace n'a été réservé pour les loisirs ou les activités éducatives. Il n'y a aucune animation. A l'hôpital du Mansourah, 90% des interventions chirurgicales se font seulement en cas d'urgence. Les opérations programmées en chirurgie froide demeurent en souffrance durant des mois. Ce sont les enfants et surtout leurs parents, qui n'ont pas les moyens de se payer un séjour dans une clinique privée qui en font les frais. Le projet de réalisation d'une extension du service clinique de chirurgie infantile, et dont les travaux traînent toujours, avec la délocalisation de la salle de consultation, ne suffira pas pour autant pour améliorer les conditions d'accueil et de prise en charge des enfants malades. Des mesures radicales s'imposent à l'hôpital pédiatrique de Mansourah où l'état des lieux reflète beaucoup plus le visage d'une santé très malade.