De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Il a été blessé à l'abdomen au moyen d'un couteau», expliquait aux résidents un père qui serrait d'un pansement la plaie d'où le sang de son môme âgé d'à peine 5 ans. On venait d'assister à un live aux urgences, lundi soir dernier, un cas parmi d'autres que les équipes urgentistes du CHU enregistrent quotidiennement, quoique débordées mais fidèles au serment d'Hippocrate. Les intoxications alimentaires et les malaises gastriques ne sont pas les seuls cas du mois de Ramadhan. Des empoignades, des chutes, des accidents… génèrent des cas qui remplissent les services médicaux «nocturnes». Une grande partie des patients ne sont pas forcément des jeûneurs. «Les parents sont responsables. Ils doivent surveiller leurs enfants autant que possible. Il est inconcevable de voir des gosses de 2 ans sans surveillance roder sur des terrasses sans parapet ou encore leur laisser libre cours de se trimbaler dans la rue», a indiqué un résident qui ordonna le transfert immédiat de l'enfant au bloc de chirurgie. Une femme plâtrée à la jambe à cause d'une fracture cherchait de l'assistance pour emprunter le chemin de sortie. A quelques mètres du service orthopédique, un adulte étalé sur le sol et les mains contre son ventre attendait désespérément pour faire une radio de l'abdomen aux côtés d'une vingtaine d'autres malades qui se bousculaient pour présenter le reçu en vue d'effectuer à leur tour une radio. L'infirmier en a par-dessus la tête ! Il tente tant bien que mal de faire patienter la foule qui envahit le bloc des urgences. C'est l'anarchie totale. Le manque de coordination se fait remarquer. «A l'hôpital, on pratique en surnombre. La plupart des cas issus des wilayas de l'Est sont orientés vers le CHU. Franchement, on travaille dans des conditions difficiles», déplore un autre résident qui souligne les défaillances dans ces services : «On ne peut pratiquer dans ces conditions lamentables. Imaginez qu'outre l'absence d'hygiène au sein de cette structure, le manque de matériel et de personnel œuvrant pendant la nuit, un seul infirmier coordonne les différents services. Pis, pour activer, on doit remplir les tâches de réceptionniste, d'infirmier…Une seule boîte à suture, encore non stérilisée, 6 lits couvrant les services et deux ambulances sont mis à la disposition des urgences.» La surcharge et l'anarchie, qui règnent au niveau de la maternité, semblent se propager au bloc des urgentistes. La direction de garde demeurant aux abonnés absents devrait patrouiller dans ces espaces avec un grand tableau pour consigner les «points noirs» relevant du dysfonctionnement décrié par l'ensemble des résidents, à leur tête le médecin-chef. Ce dernier souligne que «c'est l'amour de la médecine qui nous oblige à nous plier en quatre pour faire de notre mieux et apporter de l'aide aux malades. Il ne faut pas qu'on incrimine le praticien par impatience ou par ignorance». Sur un autre plan, les urgences revendiquent tout un service «plurifonctionnel» dans l'enceinte afin de faciliter la tâche aux malades ainsi qu'aux médecins. «Il nous faut un scanner sur place. De plus, les différentes analyses devraient se faire sur les lieux mêmes. Aussi, l'installation d'un laboratoire de biochimie s'impose à plus d'un titre. Le bloc devrait être ‘'autonome'' pour le bien du malade par dessus tout.» La sécurité des médecins de nuit a été du reste évoquée . Certains dénoncent les injures et les dépassements auxquels ils sont confrontés parfois. «Etant donné les moyens de travail dont nous disposons, c'est un double effort que nous déployons pour sauver la vie des gens», estime un résident accablé par l'attitude de certains citoyens au point qu'il «critique» la médecine gratuite. «Si la médecine était payante, tout le monde pèserait ses mots et contrôlerait son comportement», rétorque-t-il. Les urgences seront le second pain sur la planche pour le ministre de la Santé, après les carences révélées par les gynécologues au niveau de la maternité. En deux mots, les urgences ont grand besoin d'une intervention urgente…