Depuis mars 1999, le Rafd a instauré un « Prix de la résistance des femmes contre l'intégrisme et contre l'oubli » qu'il décerne aux femmes déterminées dans le combat pour nos droits dans une Algérie libre et démocratique. Chaque année, ce prix nous rassemble et rappelle à nos mémoires le sacrifice de celles et ceux que le terrorisme a assassinés. De nombreuses femmes, lauréates anonymes ou connues, ont été honorées, mais celles qui méritent de le recevoir sont encore plus nombreuses. Car, tous les jours, elles écrivent encore, dans notre pays, une page d'honneur et de dignité. Rien ne les arrête. Ni l'hostilité des lois injustes, ni l'amnistie décrétée sans justice, ni la « réconciliation » à marche forcée. Elles continuent, sans tutelle, obstinément, à défaire ce que les lâchetés et les compromissions dont nous pensions que des années de luttes nous auraient délivrées enfin, trament dans le dos des femmes et de leurs droits. Aujourd'hui, nous sommes contraintes de donner rendez-vous à toutes ces femmes, ici, dans cet espace, forcément trop étroit, pour elles, pour leur stature, pour leur parole. En ce 10e anniversaire du Prix de la résistance des femmes contre l'intégrisme et contre l'oubli, en ce 8 mars, les salles et lieux publics nous sont inaccessibles sous divers prétextes. L'autoritarisme et l'arbitraire en ont décidé ainsi, nous ramenant au temps du parti unique. Les pressions et les intimidations ont fait le reste. Faut-il que la parole des femmes soit dangereuse et subversive pour que l'espace public leur soit interdit ? Faut-il que la parole des femmes fasse peur pour décider de les réduire au silence, de les bâillonner ? Oui, elle fait peur parce qu'elle crie les viols restés impunis, les violences subies dans la famille et dans l'espace public. Les inégalités, les discriminations, la loi qui ne nous reconnaît pas tous les droits. Elle crie la mal-vie, le chômage, la pauvreté qui poussent les plus désespérées à la prostitution. Elle crie l'intolérance qui défigure aujourd'hui notre pays. La hogra qui le ronge. Elle crie l'impunité qui encourage les criminels. Elle crie nos 8 Mars confisqués. Ne laissons personne nous voler nos espoirs et piétiner nos droits. Plus que jamais, aujourd'hui, nous disons : Résistance ! Rassemblement algérien des femmes démocrates Le 8 mars 2008