Un vent d'été a soufflé hier sur les grandes artères d‘Alger, à l'occasion de la Journée de la femme. Bordés de revendeurs de fleurs à chaque coin de rue, les trottoirs sont bondés de femmes souriantes et pomponnées pour l'occasion. Libérées pour la demi-journée de travail, cette après-midi sonne comme celle de la consommation pour mesdames. Une chaîne à n'en plus finir devant les marchands de glaces, des femmes de tous âges envahissent les cafés. Devant ce cortège féminin, les hommes semblent, plus qu'à l'accoutumée, tenir les murs. Ils vendent des fleurs, des cacahuètes, ou, tout simplement, accompagnent madame ou mademoiselle. En début de journée, ce sont les couples qui flânent aux devantures des boutiques, puis, vers 14h, l'affluence se transforme peu à peu en ras-de-marée. Les voitures peinent à passer dans une rue Didouche devenue quasi piétonne, et se peuple, à partir de 16h, d'enfants et de jeunes, qui attendent devant l'entrée de la salle de cinéma. Un fleuriste, affairé à préparer des bouquets, ne prendra pas le temps de nous répondre. Normal, il est un des rares vendeurs de « vraies fleurs » du boulevard. Une dame, attirée par un rassemblement devant un fleuriste, près du Sacré-Cœur repart, déçue. « Ce sont des fausses ! » Les magasins de bijoux, attrayants par les vitrines, restent néanmoins peu fréquentés. En revanche, les magasins de l'électroménager connaissent une forte affluence. Les couples viennent repérer, l'œil expert de ces dames aidant, le prochain achat pour le foyer. Même la drague change de teneur, en ce jour très « spécial ». En effet, les traditionnels clins d'œil ou regards inquisiteurs sont remplacés par des « bonnes fête ». Les voitures laissent passer les femmes pour traverser, les serveurs offrent une consommation ; à croire que tout le monde est heureux de participer à cette journée où il est autorisé d'être souriant. Pourquoi n'en est-il pas ainsi tous les jours ?