L'Algérie et le Tadjikistan viennent de sceller leurs relations bilatérales par la signature de quatre accords de coopération. Ces accords qui interviennent à la faveur de la visite de trois jours qu'effectue le président tadjik, Imam Ali Rakhmoun, à Alger depuis lundi dernier, jettent les jalons d'une relation marquée jusqu'alors par des échanges insignifiants. Ces accords en question, signés en présence des deux présidents, concernent les volets culturel, commercial et un autre relatif à la promotion et à la protection réciproque des investissements, ainsi qu'un mémorandum d'entente entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays relatif à l'établissement de consultations bilatérales. L'accord commercial se donne pour objectif d'augmenter et de faciliter le volume des échanges commerciaux entre l'Algérie et le Tadjikistan, qui avoisine actuellement le maigre niveau de 14 millions de dinars. En termes d'investissements, le secteur énergétique est mis au-devant des priorités, notamment l'hydroélectrique, alors que l'accord culturel favorisera les échanges dans ce domaine et renforcera les liens d'amitié. Accompagné d'une délégation ministérielle, composée du chef de la diplomatie et des ministres de l'Investissement et de la Culture, Ali Rakhmoun, qui s'est exprimé hier au sortir d'un entretien avec son homologue algérien, a affirmé que les deux pays ont convenu de s'inscrire dans une nouvelle étape qualitative dans leurs relations bilatérales. Plaidant pour un renforcement des liens économiques et commerciaux, le président tadjik a invité les opérateurs économiques algériens à aller tenter l'investissement dans son pays. « Cela aura un effet positif sur le renforcement des relations d'amitié entre les deux pays. Nous considérons qu'il y a de grandes potentialités pour la concrétisation de notre coopération. » Un plaidoyer auquel le président Bouteflika répondra en acquiesçant et affirmant que toutes les conditions sont réunies pour développer les relations bilatérales. Il citera, à ce titre, les secteurs de l'agriculture, de l'hydraulique, des mines et de la justice qui sont susceptibles de jouer ce rôle de propulseur de la coopération entre les deux pays, en affichant son appui pour « les projets d'accord sur la promotion et la protection réciproque des investissements et sur la non-double imposition qui constituent aujourd'hui des instruments incontournables pour la promotion et le développement des échanges économiques ». Plus petit pays de l'Asie centrale, le Tadjikistan en est aussi le plus pauvre. N'ayant pas d'accès sur la mer, la République tadjike est un pays enclavé comptant des frontières avec l'Afghanistan, la Chine, le Kirghizstan et l'Ouzbékistan. Comme tous les pays de l'ex-bloc soviétique, le Tadjikistan a subi de plein fouet les bouleversements économiques, politiques et sociaux qui ont suivi la chute de l'URSS. Il n'a pas pu s'épargner une guerre civile qui a engendré près de 7 milliards de dollars de destruction des infrastructures. La situation économique du Tadjikistan qui s'est améliorée ces dernières années, reste tout de même fragile avec près de 65% de ses habitants vivant dans un état de pauvreté très important, un taux de chômage répandu et une dette extérieure importante. La communauté internationale a largement soutenu la politique de rigueur budgétaire adoptée par le Tadjikistan qui, malgré l'absence de ressources énergétiques, représente de par sa situation géographique, un carrefour stratégique au cœur d'une zone sensible. La Russie continue d'ailleurs de jouer le rôle de puissance tutélaire dans ce pays, en étant son premier fournisseur économique mais aussi en étant présent sur le territoire à travers la 201e division de fusiliers motorisés qui s'était chargée de garantir la surveillance des frontières tadjiko-afghanes. Des groupes d'opposition armés en Ouzbékistan, au Kirghistan et en Afghanistan empruntent souvent le territoire tadjik comme zone de repli. Données générales Superficie : 143 100 km2 Population : 6,5 millions d'habitants Capitale : Douchanbé Langue officielle : Tadjik Monnaie : Somoni Religions : Islam sunnite (90%), minorité de chiites ismaéliens (dans le Pamir), orthodoxie PIB (estimation 2006) : 2,6 milliards de dollars PIB par habitant : 350 dollars (64% de la population en dessous du seuil de pauvreté) Balance commerciale : - 67 millions de dollars Principaux clients : Pays-Bas 41,4%, Turquie 15,3%, Ouzbékistan 7,2%, Lettonie 7,1%, Suisse 6,9% Principaux fournisseurs : Russie 24,2%, Kazakshtan 15,2%, Ouzbékistan 12,3%, Azerbaïdjan 6,3%, Etats-Unis 5,8%