Lancé en grande pompe en 1999, le PNDA avait pour objectifs annoncés de provoquer une relance de l'activité agricole et une amélioration sensible de la productivité. Ayant absorbé des sommes faramineuses, le programme qui est entré en forclusion attend toujours l'élaboration d'un bilan. Cependant, la procédure d'octroi des aides financières, qui aura été confiée en grande partie à la CRMA-banque, qui prévoyait naturellement le remboursement des crédits alloués, est en train d'être contrariée par l'insouciance des fellahs qui rechignent pour la plupart d'entre eux à honorer leurs engagements. C'est ce refus qui aura motivé la décision de la CRMA d'ester en justice ses créanciers afin qu'ils se résignent à entamer le processus de remboursement des crédits contractés. L'opération, qui concerne plusieurs milliers de bénéficiaires, est actuellement en cours au niveau de la justice où plus de 2 000 fellahs font l'objet de poursuites. Sans toutefois parvenir à infléchir l'entêtement des fellahs qui continuent de n'accorder aucune attention aux nombreuses sollicitations de l'agence CRMA-banque de Mostaganem, dont le premier responsable vient d'en appeler à l'intervention du responsable local de l'UNPA, chez qui il sollicite l'aide afin de débloquer ne serait-ce que symboliquement la situation. En effet, dans une lettre datée du 4 mars dernier, le directeur de la CRMA insiste auprès du secrétaire général de l'UNPA afin qu'il lui apporte l'assistance la plus efficace possible dans le but d'amener les débiteurs à engager le processus de remboursement selon un échéancier qui reste à ajuster en fonction des revenus de chaque client. Car, ce responsable ne perd pas de vue que les capacités financières du fellah dépendent entièrement de son calendrier cultural. Du côté de l'UNPA, Khamli Touati, le secrétaire général, qui est également vice-président à l'APW, est conscient des risques encourus par les adhérents et les autres bénéficiaires de crédits octroyés dans le cadre du PNDA. C'est pourquoi, après avoir pris possession des listes des fellahs impliqués, il décidera de les confier aux responsables organiques au niveau des communes rurales afin qu'ils établissent le dialogue avec les paysans concernés. Cette procédure est voulue par la CRMA et l'UNPA afin de prémunir les fellahs contre les éventuelles sanctions judiciaires qui pourraient ponctuer les procès intentés. Toutefois, chez les agriculteurs, on continue d'assimiler tous les concours financiers de l'Etat à une aide sans conséquences. Aide sans conséquences S'ils avaient réellement conscience que les crédits octroyés entre 1999 et 2006, à la faveur du PNDA, devraient être remboursés un jour, ils auraient eu une autre attitude plus pragmatique et surtout plus économe. Alors que le bilan technique et surtout financier de ce programme -que d'aucuns présentaient comme étant la panacée-, reste à faire, il y a lieu de se rappeler que les crédits de la campagne 2006/2007, que la BADR et la CRMA-banque avaient octroyé pour l'achat de semence de pomme de terre, n'ont pas été entièrement remboursés. Alors que certains fellahs s'étaient abrités derrière les ravages occasionnés aux cultures par le mildiou pour se soustraire à leurs obligations, d'autres n'auront pas hésité à céder les chèques à des opérateurs qui les auraient acquis moyennant une juteuse commission. En contrepartie, les intermédiaires s'arrangeaient pour produire une facture comme justificatif. Ce genre de comportement est malheureusement une pratique qui a toujours eu cours dans les milieux agricoles, où l'espoir d'un effacement de la dette, à la faveur des échéances électorales, semble faire partie du décor. Alors que le projet de loi d'orientation foncière -qui pourrait venir remettre de l'ordre dans les campagnes-, est entre les mains des parlementaires, personne n'ose croire un seul instant que le procès de milliers de fellahs puisse s'ouvrir non seulement à Mostaganem mais à travers l'ensemble des régions du pays où le PNDA n'aura fait que des bénéficiaires en sursis. D'où cet appel à l'aide du responsable de la CRMA à l'UNPA dont l'impact réel au niveau des débiteurs est loin d'être déterminant. Car, entre ceux qui délibérément s'obstinent à attendre une grâce politique et ceux en totale banqueroute, il y a peu de place à la rationalité. S'il devait s'ouvrir un jour, le procès en recouvrement des dettes contractées dans le cadre du PNDA pourrait entraîner une totale refonte de l'agriculture algérienne.