Le panier de la ménagère pose problème, autant pour son remplissage que pour la diversification des produits devant constituer l'alimentation du ménage. Les fruits et légumes, les viandes, le poisson et le reste des produits laitiers et céréaliers nécessaires affichent des prix qui obligent le consommateur à opérer des choix en excluant tel fruit ou en remplaçant la viande par ces ersatz vendus en petits cubes, miracle de la technologie... ! Quant à la solution du problème alimentaire, elle est évidemment dans l'amélioration des rendements agricoles d'abord et de la distribution des produits ensuite. Il s'agit donc de remettre en marche la machine agricole. Ce constat a été fait depuis la fin des années 1990 et la perspective tracée. Il ne restait plus pour l'Etat qu'à concevoir une stratégie pour la relance de l'agriculture algérienne afin que ses produits, qui, un jour ou l'autre, devront se mesurer aux produits étrangers non seulement sur le marché mondial mais également national qui reçoit déjà fruits et légumes d'importation, soient concurrentiels. Cette stratégie sera élaborée au niveau gouvernemental et lancée en septembre 2000 sous le nom de «Plan national de développement agricole» (PNDA). Ce plan sera mis en route à travers plusieurs programmes, dotés d'un fonds national d'aide dont le Fonds national de développement et de régulation agricole (FNDRA). Evidemment, cette manne représentera une bouffée d'oxygène pour les agriculteurs auxquels les banques refusaient d'accorder des crédits de peur d'avoir à revivre la mauvaise expérience de la révolution agraire et des crédits sans garantie de remboursement. Mais cette masse d'argent attire aussi des vautours. Avec la complicité de responsables qui avaient la charge des fonds d'aide, des subventions sont accordées à des personnes n'ayant aucun rapport avec l'agriculture. Résultat : on passe à côté des objectifs. Le bilan du PNDA établi en 2005 par le ministère de l'Agriculture est à ce propos révélateur. Selon les chiffres du ministère, quelque 217 milliards de dinars ont été consommés de 2000 à 2005, soit 96% des montants des différents fonds créés par l'Etat pour développer l'agriculture. Mis à part les reliquats, tous les budgets alloués à ces fonds, notamment le Fonds national d'aide à l'agriculture, le Fonds de la steppe et celui de la mise en valeur des terres, ont été pratiquement épuisés. Certes, des réalisations et des avancées notables ont été enregistrées, mais elles ne se ressentent pas sur le marché et le consommateur ne voit toujours pas venir ces masses de fruits et légumes qui obligeraient les marchands à revoir à la baisse leurs prix. Il y a toujours problème. Avec le changement de gouvernement, un nouveau ministre prendra en charge l'agriculture. On enterre le PNDA et ses programmes qui ont épuisé des budgets colossaux sans apporter ce que l'on escomptait, et on met en place une nouvelle stratégie. Quelques autres améliorations, mais toujours rien pour le panier de la ménagère. Le Président prend le taureau par les cornes et décide d'effacer les dettes des agriculteurs, avec l'idée que cela les amènera à mieux travailler et à produire plus. De son coté, le ministère, tout en poursuivant ses actions de modernisation de l'agriculture, se penche sur l'entreposage frigorifique pour renforcer son système de régulation des produits agricoles de large consommation. Là, on s'attendait à ce que ça donne quelques résultats immédiats qui soulageraient les budgets des ménages. Rien, ou si peu. Les intermédiaires parasitent toujours les filières agricoles sans être inquiétés. L'intrersectorialité qui devrait renforcer les actions du ministère de l'Agriculture ne joue pas. Pourtant, c'est de préservation de tous les efforts consentis et l'argent investi par l'Etat pour remettre en marche et moderniser la machine de la production agricole dont il est question, en plus de l'amélioration du nivea u de vie du citoyen, qui ne devrait pas s'arrêter au panier de la ménagère et aux prix des fruits et légumes, mais englober tous les biens de consommation. A ce propos, on pourrait songer à rétablir un crédit à la consommation qui ne serait accordé que pour l'achat de produits fabriqués localement. On relancera ainsi la consommation tout en soutenant la production nationale… d'une pierre deux coups. H. G.