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Développement agricole
Faut-il repenser la gestion du PNDA ?
Publié dans El Watan le 20 - 11 - 2006

« Le management stratégique est défini comme un mode de gestion qui vise à assurer un couplage étroit entre stratégies et opérations… Toute décision opérationnelle qui n'est pas une décision de gestion courante est systématiquement examinée dans une perspective stratégique. » (Avenier Marie-José)Le Plan National de Développement Agricole (PNDA) est un programme qui a été mis en place le 18 juillet 2000 et a fixé comme objectifs politiques l'amélioration de la sécurité alimentaire par le développement de la production agricole.
Les motifs de ce programme se présentent par l'exploitation extensive et inadaptée des sols qui se solde par la dégradation des ressources naturelles, par la faible participation à la satisfaction des besoins alimentaires et à l'exportation, mais aussi à la faible contribution de l'agriculture à la création de l'emploi et au développement de l'économie régionale ou locale. Mais encore, la chute de l'investissement dans le secteur a été perçue comme l'une des causes principales de la faiblesse de ce secteur. Cette situation est due essentiellement à l'augmentation des prix des intrants et des équipements lors de la période de l'ajustement structurel, mais aussi par l'absence de structure de financement. De manière générale, le PNDA constitue un programme de réaffectation des terres à travers la relance globale de l'investissement dans le secteur. Il faut reconnaître qu'aucune politique antérieure n'a autant accordée de l'importance à l'agriculture. Par ailleurs, ce programme s'appuie sur une stratégie qui consiste à substituer les superficies céréalières à faibles rendements par l'arboriculture fruitière. Une stratégie qui met l'arbre au centre du développement agricole, mais sans pour autant écarter les autres productions végétales et animales ; ce qui engendre d'ailleurs des orientations très diversifiées. Concernant la procédure de mise en œuvre de ce programme, elle se situe à mi-chemin entre l'approche participative et l'approche directive. En effet, nous rappelons que le point de départ de la procédure invite l'agriculteur à prendre l'initiative par la proposition d'un projet. Autrement dit, la démarche est ascendante, et donc elle se penche plutôt du côté de l'approche participative. Cependant, cette proposition ne constitue qu'une première étape qui sera confrontée à l'avis du subdivisionnaire dans un premier temps, ensuite à l'examen du Comité Technique de Wilaya (CTW) dans un deuxième temps, qui étudie la conformité du projet tenant compte du respect des orientations stratégiques et de la faisabilité technique du projet. L'intervention de l'administration et ses prérogatives dans l'examen et le jugement du projet reflètent donc une forme d'intervention qui se penche cette fois-ci du côté de l'approche dirigiste. Ainsi, nous déduisons que la procédure de mise en œuvre du PNDA est une combinaison entre l'approche participative et l'approche dirigiste, ce qui nous laisse dire aussi que c'est une méthodologie qui n'est ni participative ni dirigiste, et de là peut provenir d'ailleurs le manque de rigueur de celle-ci. Il est vrai que cette procédure adoptée dans le PNDA a permis de lancer le programme et de donner des possibilités multiples aux agriculteurs pour qu'ils soient motivés à prendre des initiatives, mais aussi, il faut rajouter l'incitation financière qui devait permettre la réalisation des projets. Mais, cette procédure se trouve amputée d'un instrument de planification qui fixe au préalable les plafonds des investissements par type de production ou par activité agricole. L'absence de cet instrument conduit les agriculteurs à agir à travers de « petites stratégies individuelles » qui ne peuvent en aucun cas se substituer à une stratégie globale, plutôt, elle peut engendrer des déséquilibres dans les différents investissements réalisés, ce qui conduit naturellement à la surproduction pour certaines spéculations et à des productions insuffisantes pour d'autres. Par conséquent, la limitation ou la restriction pour certains projets, et les encouragements pour d'autres par l'administration permettent de préciser et de raffiner les orientations stratégiques qui peuvent être à l'origine d'une politique dont les contours seront mieux définis. Par ailleurs l'interprétation politique de la surproduction est souvent différente de l'interprétation économique. Autant dans la première elle peut refléter un succès, autant dans la seconde elle est source de perturbations. Sur le plan économique, nous devons tenir compte de la régularité de la performance : une surproduction n'est pas toujours un bon signe et engendre un déséquilibre entre l'offre et la demande qui conduit à des pertes causées par la mévente et donc à la dévalorisation de l'effort. Cette perturbation explique souvent le changement de comportements des agriculteurs dans les campagnes agricoles qui se succèdent à travers des réajustements effectués en marge d'une planification qui brille par son absence. Des comportements qui jouent en faveur de l'instabilité du marché. Nous relevons ainsi des problèmes de gestion qui peuvent surgir d'une campagne à une autre et qui se traduisent par des perturbations de l'offre, et peut-être même par la dépréciation qualitative. Par ailleurs, nous devons reconnaître que les subventions accordées aux investissements dans le PNDA sont déjà conséquentes pour l'Etat, et qu'il n'est pas plausible de rajouter une autre politique de soutien des prix. Ainsi, la problématique de la gestion tient compte en même temps de la stratégie, de la planification et du marché. Ces trois composantes doivent se prendre en charge en même temps pour éviter des dérapages. Notons que la planification ne se contredit nullement avec le marché et vise plutôt à le rendre plus efficace. Bien entendu, la notion de planification dans ce cas de figure est dépourvue du contenu idéologique teinté de socialisme et prend le sens d'un instrument technique, sans plus. Par ailleurs, les « polémiques » répétitives entre le ministère de l'Agriculture et celui du Commerce ne rendent pas service et ne sont d'aucun secours ni à l'agriculteur ni à l'agriculture. Aujourd'hui, il semble qu'il faut repenser la gestion du PNDA dans le sens d'un réajustement qui donne la priorité à certaines productions et en écarte d'autres. Autrement dit, dans le sens d'un marché plus efficace. Cependant, faut-il se contenter d'une gestion administrative pour apporter des réajustements et des améliorations ou alors, faut-il consolider la procédure de mise en œuvre par un instrument de planification qui traite le problème de manière technique et à la source ? Certes, les textes prévoient la programmation périodique d'une réunion des cadres de l'agriculture pour examiner le déroulement de l'opération et pour apporter des ajustements. Cependant, il faut reconnaître que la gestion administrative est incomplète ou insuffisante, et parfois même déroutante par « la nature des choses » : autant il y a tendance à mettre les acquis en évidence, autant, il y a tendance à occulter les insuffisances, et cette attitude quand bien même négative est tout de même compréhensible à la limite. Pour cette raison, il est nécessaire de diversifier les instruments de gestion et d'en prévoir d'autres qui sont complémentaires à ceux qui existent, qui servent de base technique à la prise de décision et pouvant faire l'objet d'une préoccupation commune et partagée par des structures relevant de ministères différents. Enfin, nous voulons préciser que la révision de la gestion du PNDA s'inscrit dans un ordre naturel et ne veut nullement insinuer une remise en cause. Celle-ci vise l'amélioration de la performance par l'amélioration de l'efficacité.

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