Non seulement l'Irak va s'effondrer, mais le sectarisme va se répandre dans toute la région et même l'Europe et les Etats-Unis ne seraient pas épargnés par toutes les violences qui pourraient en résulter », a affirmé Iyad Allaoui. Les groupes antiguerre n'ont pas baissé les bras. Ils sont même revenus en force, ce week-end, pour bien marquer le troisième anniversaire de la guerre américaine contre l'Irak. Une foule de plus en plus nombreuse, à travers un nombre de villes encore plus grand, cela s'expliquant par un nombre de facteurs importants comme l'absence désormais prouvée et avérée des preuves avancées par l'administration américaine, et l'état de décomposition de l'Irak non seulement champ d'expériences de concepts nouveaux comme la guerre préventive, et terrain d'entrainement pour de nombreuses armées, mais en voie d'éclatement en cantons ethniquement homogènes. A New York, un millier de manifestants se sont rassemblés à proximité de Times Square, au centre de Manhattan, à l'appel des groupes antiguerre, pour dénoncer cette guerre, et demander le retrait des troupes américaines. « L'opinion publique est maintenant massivement avec nous, alors que chaque jour qui passe montre que c'est l'occupation qui est la cause de la violence en Irak », a affirmé Dustin Langley, un membre du groupe Troops Out Now (« Les troupes dehors maintenant »), organisateur de la manifestation. Ils étaient environ un millier à Washington et Los Angeles. A San Francisco, les manifestants, de quelques centaines au départ, se sont retrouvés par milliers devant les bâtiments de la municipalité. Des manifestations ont également eu lieu dans des villes de moindre importance. Le collectif antiguerre (Answer) avait appelé à plus de 400 manifestations à travers les Etats-Unis, alors que la popularité du président George W. Bush est au plus bas. Même scènes à travers le Canada mais aussi à Sao Paulo au Brésil. En Europe, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les grandes villes italiennes. Le gouvernement italien, qui a déployé près de 3 000 militaires en Irak en dépit de l'opposition de la majorité de la population, est l'un des alliés européens les plus fidèles de l'administration américaine. A Londres, la police a fait état de la présence de 15 000 manifestants antiguerre. Les organisateurs parlaient de 80 000 à 100 000 personnes. A Copenhague, des milliers de personnes se sont déplacées pour protester contre la présence militaire danoise en Irak et l'occupation du pays par les Etats-Unis. Près de 2 500 personnes ont manifesté à Athènes et dans d'autres villes grecques à l'occasion du troisième anniversaire « de l'intervention des Etats-Unis » en Irak. Pendant ce temps et comme pour s'opposer à une crainte largement partagée, le président irakien, le Kurde, Jalal Talabani a exclu le risque d'une guerre civile. Des déclarations sont venues comme une réponse à l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui qui a estimé que le pays connaît déjà un tel conflit. « Le risque d'une guerre civile est à exclure », a déclaré à la presse M. Talabani qui parlait à l'issue d'une réunion des groupes politiques sur la formation d'un gouvernement national, au cours de laquelle le principe d'un Conseil de sécurité nationale a été retenu. « Le peuple irakien ne peut pas accepter de guerre civile. Nous passons par des difficultés mais l'attachement des Irakiens à leur pays va empêcher une telle guerre. » « On est loin d'une guerre civile et nous nous acheminons vers une formule d'entente nationale », a-t-il poursuivi. M. Allaoui a estimé que l'Irak est en guerre civile et que les conséquences de celle-ci atteindront l'Europe et les Etats-Unis, dans un entretien avec la BBC dimanche, veille du troisième anniversaire de l'invasion du pays. « Nous sommes malheureusement en guerre civile », a-t-il déclaré, précisant : « nous n'avons peut-être pas encore atteint le point de non-retour, mais nous en approchons. » « Non seulement l'Irak va s'effondrer, a-t-il ajouté, mais le sectarisme va se répandre dans toute la région et même l'Europe et les Etats-Unis ne seraient pas épargnés par toutes les violences qui pourraient en résulter. » Les propos de l'ancien responsable contredisent une déclaration du ministre britannique de la Défense, John Reid, dans un entretien samedi avec la chaîne britannique de télévision Sky News. « Il n'y a pas de guerre civile, elle n'est ni imminente, ni probable, bien qu'il y ait eu une augmentation de la violence des factions », avait déclaré le ministre. Iyad Allaoui affirme que « chaque jour, nous perdons en moyenne 50 à 60 personnes à travers le pays, peut être plus. Si ce n'est pas une guerre civile, alors Dieu seul sait ce que peut être une guerre civile. » M. Allaoui a souligné qu'il avait prévenu des risques de vide politique en Irak et exprimé ses craintes que le démantèlement de l'ancienne armée irakienne ne conduise à la prédominance des milices. Et pourtant, et malgré les démentis du président Talabani lui-même en colère contre certaines dispositions constitutionnelles réduisant sa fonction à des actions symboliques, Iyyad Allaoui n'apparaît pas comme un provocateur. Beaucoup, y compris dans les cercles influents américains, partagent son point de vue, sauf dans ses prolongements.