La salle des fêtes de Berriane, chef-lieu de daïra à 40 km au nord de Ghardaïa, a abrité, avant-hier, dans une grande effervescence festive, une cérémonie de mariage collectif qui a réuni pas moins de 55 heureux couples de tourtereaux. Comme l'exige la tradition, cette grandiose cérémonie a été rehaussée, en sus de la population locale, par la présence de notables et dignitaires de toutes les communautés de la vallée du M'zab (ibadites et malékites). Cette cérémonie est le fruit et l'aboutissement d'intenses préparatifs qui durent plusieurs semaines, sous la conduite éclairée du Comité des sages, communément appelé « Azzaba », et dont l'apothéose sera atteinte le jour de l'officialisation religieuse du mariage avant sa transcription à l'état civil. Des milliers de personnes ont convergé vers ce ksar de la vallée du M'zab pour assister à cette manifestation sociale séculaire. Rappelons tout de même que ce type de cérémonie intervient après l'inscription de jeunes célibataires désirant se marier à travers cette tradition. La participation financière aux frais ne saurait dépasser les 5000 DA par prétendant. S'ensuivra alors le rituel d'habillage des mariés par les membres des « Azzabas » de Berriane ainsi que quelques autres des régions de Ghardaïa et ce, devant une assistance uniquement masculine qui admirera à la fin de l'opération d'habillage des jeunes hommes enveloppés dans de superbes atours traditionnels (el tatwidj), qui donneront au contraste de la salle cette espèce d'aura sur tous les mariés. Faut-il préciser que cette tradition de faire habiller tous les jeunes gens de la même étoffe est une intelligente façon de présenter tout le monde sur le même piédestal. Après l'opération d'habillage, les convives se disperseront pour revenir après la prière d'El Icha, afin d'assister aux festivités culturelles, généralement consistant en une pièce de théâtre et de chants religieux entonnés par une chorale locale. Après cela, des cortèges se formeront au gré des amitiés et des affinités pour déposer les mariés, chacun devant sa demeure. Le lendemain, les mariés, au grand complet, se dirigeront vers le cimetière de la ville pour honorer leurs morts et partager, s'il en est, leurs moments de bonheur. Rappelons que cette coutume a pris naissance à Berriane après l'indépendance grâce à une poignée d'étudiants Algériens rentrés de Tunisie, après avoir terminé leurs études à la mosquée Ezzitouna, lesquels ont initié la première cérémonie de mariage collectif et qui donc ont été les précurseurs de cette forme d'organisation sociale.