La salle des fêtes de Berriane, chef-lieu de daïra,situé à 40 km au nord de Ghardaïa, sur la RN1, a abrité, avant-hier, une cérémonie de mariage collectif qui a concerné pas moins de 55 heureux élus. Conformément à la tradition et en sus de la population locale, cette grandiose cérémonie a été rehaussée par la présence de notables et dignitaires de toutes les communautés de la vallée du M'zab (ibadites et malékites) et ce, pour démontrer, raffermir et consolider davantage les liens de respect, de convivialité et de vie en bonne harmonie entre eux. Rappelons que cette coutume a pris naissance à Berriane après l'indépendance, grâce à une poignée d'étudiants algériens rentrés de Tunisie après avoir terminé leurs études à la mosquée Ezzitouna, lesquels ont initié la première cérémonie de mariage collectif et qui, donc, ont été les précurseurs de cette forme d'organisation sociale. Ce n'est, nous dit-on, que vers les années 1982/1983, que le comité des sages de la région a avalisé cette forme de cérémonie en s'en responsabilisant pour toutes les opérations, jusqu'à en faire de ces cérémonies périodiques, une forme de rituel ancestral jalousement préservé. Cette cérémonie est le fruit d'intenses préparatifs qui durent depuis plusieurs semaines, sous la conduite éclairée du comité des sages, communément appelé “azzaba”, et dont l'apothéose sera atteinte le jour de l'officialisation religieuse du mariage avant sa transcription à l'état civil. Des milliers de personnes ont convergé vers ce ksar de la vallée du M'zab pour assister à cette manifestation sociale séculaire. Rappelons tout de même que ce type de cérémonie intervient après l'inscription de jeunes célibataires désirant se marier selon cette tradition. La participation financière aux frais ne saurait dépasser les 5 000 DA par prétendant. Comme de coutume, la cérémonie commencera par la lecture de quelques versets du Coran (particulièrement Sourate El Anâam). Elle sera suivie par une allocution de bienvenue, prononcée par un membre du comité des sages (azzaba) à travers laquelle il souhaitera la bienvenue à tous les présents, dont les invités et le notaire, amené par les azzaba pour faire authentifier civilement les contrats de mariage, conformément aux exigence religieuses du droit positif. S'ensuivra, alors, le rituel d'habillage des mariés par les membres des azzaba de Berriane ainsi que quelques autres des régions de Ghardaïa et ce, devant une assistance uniquement masculine qui admirera à la fin de l'opération d'habillage des jeunes hommes enveloppés dans de superbes atours traditionnels qui donneront au contraste de la salle cette espèce d'aura sur tous les mariés. Faut-il préciser que cette tradition de faire habiller tous les jeunes gens de la même étoffe est une intelligente façon de présenter tout le monde sur un piédestal où n'émerge ni statut social, ni autre privilège, et ce, malgré que dans le lot, vous puissiez trouver de toutes les couches sociales et de tous les niveaux intellectuels. Après l'opération d'habillage, les convives se disperseront pour revenir après la prière d'el-icha afin d'assister aux festivités culturelles, généralement consistant en une pièce de théâtre et de chants religieux entonnés par une chorale locale. Après cela, des cortèges se formeront au gré des amitiés et des affinités pour déposer les mariés, chacun devant sa demeure. Le lendemain, les mariés, au grand complet, se dirigeront vers le cimetière de la ville pour honorer leurs morts et leur faire partager, s'il en est, leurs moments de bonheur. L. KACHEMAD