Les pouvoirs publics passent la vitesse supérieure pour tenter de juguler les ravages causés aux gisements coralifères d'El Kala qui sont la proie d'une prédation sans pareille. El Tarf. De notre correspondant Ce n'est plus les pilleurs de corail et leurs racketteurs qui sont seulement traqués, mais aussi ce qu'on appelle « les receleurs ». En fait, les clients occasionnels des pilleurs de fonds marins, car le corail, c'est de notoriété publique, est récupéré en grande quantité, des dizaines de quintaux annuellement, par des réseaux interlopes qui l'acheminent vers la Tunisie et l'Italie. Dix bijouteries d'El Kala ont été perquisitionnées sur ordre du procureur de la République et les services de sécurité ont rassemblé près de 8 kg de corail brut dont les bijoutiers n'ont pu expliquer la provenance. Ils ont également saisi 34 boucles d'oreilles et 12 bagues ornées de corail fini. Le pillage du corail, qui a commencé progressivement au lendemain de la suspension de la récolte réglementée en octobre 2002, n'a toujours pas cessé. Les gisements sont littéralement saccagés par l'utilisation d'un engin de pêche bricolé, d'une incroyable puissance destructrice, appelé croix de Saint-André par ressemblance à celle employée autrefois. Mais tout vient de la décision des pouvoirs publics de suspendre précipitamment l'exploitation du corail par le biais de la concession en vertu d'un texte qui stipule qu'une zone exploitée 5 années consécutives doit être laissée au repos pendant 15 ans pour que les gisements se reconstituent. Une décision différemment appréciée en son temps. En n'anticipant pas et laissant libres et à vau-l'eau des espaces rémunérateurs, les pouvoirs publics ont pratiquement incité à la ruée vers le corail. Aujourd'hui, 6 ans après la fermeture de l'exploitation, les ravages causés sont mille fois plus importants que si on avait laissé poursuivre la récolte par les concessionnaires qui étaient tenus eux d'employer des plongeurs qui coupaient une à une les branches de corail et de manière sélective. Les différents ministres de la Pêche qui se sont succédé depuis cette date, et interpellés sur cette question, ont tous répondu qu'ils tentaient de trouver une solution à ce grave problème. Pendant plus de 4 ans ils ont invoqué la réception imminente d'une étude sur les potentialités du corail pour décider de la conduite à suivre. L'étude en question, enfin confiée après à un bureau d'études français qualifié, a-t-on précisé, après de nombreux déboires, devait être rendue en avril 2007, mais il semble, selon des armateurs qui ont été récemment conviés au ministère pour en discuter, qu'elle a pris du retard et qu'elle est loin d'apporter les données tant attendues. Pendant ce temps, on fait la chasse aux pilleurs et aux receleurs qui sont condamnés à des peines de prison allant jusqu'à plusieurs années et des amendes de plusieurs millions de dinars, mais sans le moindre fondement juridique. Lorsqu'ils sont pris avec de grandes quantités sur le continent, ils sont accusés d'activité commerciale illégale, car sans registre du commerce, et avec de petites quantités en mer pour exercice illégale de la pêche. Les parties civiles sont la direction de la pêche et de l'aquaculture et les douanes algériennes.