Point de rencontre des jeunes universitaires en activité ou au chômage, des salariés après les heures de travail, des retraités de toutes les couches sociales, des commerçants en mal de nouvelles, des fans invétérés du club local et thermomètre de la ville pour tous les événements, le café Novelty prépare sa réouverture après plus de deux années de fermeture. Situé au carrefour de Bab Sebt, il ne peut laisser indifférent. Stratégie oblige, les estaminets des quatre coins de Bab Sebt se disputent le leadership et les patrons redoublent d'ingéniosité pour attirer le maximum de clients. Il n'y avait pas que la tasse propre et la carafe d'eau, on invitait des leaders de la guerre de Libération, de grands sportifs, des chanteurs et musiciens qui, comme dans des ruches d'abeilles, faisaient le plein. L'ingéniosité résidait même dans la nature des boissons et on innovait cocktails multiples ; glaces et arômes emplissaient les tables. Les débuts d'après-midi recevaient par pans entiers de jeunes étudiants qui débattaient sans discontinuer du devenir du monde. La fin de journée laissait place aux personnes âgées, Si Rabah, Ahmed Koppa, Hamid B., Kabalou, Baldo, Mourad K., qui devenaient les rois des lieux et du moment. L'USMB se voyait analysée dans sa gestion, ses résultats, et les pronostics allaient bon train. On retient toujours que les bureaux successifs du club étaient faits et défaits à la terrasse du Novelty. MM. Bendali, Zaïm, Zahaf et Ferroukhi se croyaient obligés de passer plusieurs heures dans la semaine dans ces lieux. Les résultats du club dans les différentes catégories étaient affichés et ceux de la journée faisaient l'objet de commentaires frisant les disputes. Beaucoup se rappellent également les grilles du pari sportif où les « spécialistes » allaient de leurs pronostics. No man's land pour les femmes et les jeunes filles, le lieu saura ramener la gent féminine avec la qualité du service tout naturellement exigée aux côtés de la sécurité à l'intérieur de ce qui est appelé l'« Aquarium », un espace tout en verre. Squatté par les sans-logis et les ivrognes, l'Aquarium offrait une mauvaise image de la ville et les bigaradiers en fleurs n'avaient pu repousser les odeurs nauséabondes qui s'en dégageaient. Par groupes entiers, des femmes et des enfants préparaient leurs couchettes pour la nuit à quelques mètres du véhicule de la police posté en permanence. Elles se disputaient les morceaux de cartons collectés devant les nombreuses supérettes du coin et il ne venait à l'esprit de personne de s'adresser à la direction de l'action sociale, dont les bureaux ne sont pas très loin. Le nouveau gérant affirme qu'il a réussi avec le concours des autorités à éloigner cette catégorie de la population et qu'il allait veiller à maintenir les lieux propres. L'espace vert ombragé ainsi que les bancs publics recevront bientôt des parasols et des sièges embellissant davantage le lieu de la « h'nana » locale.