L'organisation au sein de l'UGTA est arrivée à une situation telle que certains n'hésitent pas à la qualifier de coquille vide, laminée par l'arrivée des syndicats autonomes, fondés essentiellement par certains de ses cadres qu'elle a expurgés. Entrée dans l'illégalité depuis octobre 2005, date d'expiration du mandat (5 ans) de l'actuel bureau national, l'UGTA n'est aujourd'hui qu'un faire-valoir auquel recourent les décideurs pour légitimer leurs actes et cautionner leurs choix politico-économiques. Ainsi, depuis la disparition de Abdelhak Benhamouda, l'organisation a vite basculé dans des luttes intestines de leadership souvent menées en dehors de ses structures légales. Aucune voix de contestation n'est permise et ceux qui ont osé critiquer la gestion se sont retrouvés expurgés des instances dirigeantes, et parfois poursuivis en justice. Le premier à avoir fait l'objet de ces sanctions, à la veille du 10e congrès, en 2000, a été Ammar Mehdi, alors secrétaire national chargé de l'organique. Candidat au poste de secrétaire général, tout comme Sidi Saïd, Ammar Mehdi contestait la gestion des unions de wilaya, dont les mandats ont pour bon nombre d'entre elles expiré. AUCUNE CONTESTATION N'ETAIT TOLEREE Des tels propos ne sont pas restés sans suite, puisque Ammar Mehdi sera lâché lors de sa campagne électorale, bien cousue, au profit de celui qui assurait l'intérim après l'assassinat de Benhamouda. Mehdi va perdre aussi son poste de chargé de l'organique, revenu à Salah Djenouhat. Il faudra peut-être rappeler que ce dernier a été placé par Benhamouda à la tête de l'Union de wilaya d'Alger une année avant qu'il ne soit tué. Depuis, il n'a plus quitté ce poste à ce jour (près de 12 ans), alors que Sidi Saïd occupait de 1992 à 1997 le poste de secrétaire national chargé des conflits sociaux, puis chargé des relations extérieures durant les derniers mois qui ont précédé la mort de Benhamouda. Ammar Mehdi se voyant éjecté des instances de l'organisation, d'une manière brutale, a préféré s'effacer, d'autant que la situation interne s'était sérieusement détériorée. Aucune contestation n'était tolérée. C'est alors qu'a émergé l'idée de faire renaître l'UGTA de ses cendres en renforçant ses fédérations à travers une plus grande autonomie dans leurs actions. Si la base a bien réagi à cette initiative, le bureau national, notamment Abdelmadjid Sidi Saïd, en tant que secrétaire général, et Salah Djenouhat, en tant que chargé de l'organique, l'ont perçu comme étant un défi. Pourtant, la coordination a ouvert juste le débat sur la nécessité de rendre plus transparente la gestion des instances de l'UGTA. DE REVELATION EN REVELATION La réaction de Sidi Saïd et de Djenouhat n'a pas tardé. Ahmed Badaoui, secrétaire général du syndicat des douanes, principal animateur de la coordination, sera la première victime. Après un mouvement de « redressement » au sein même de sa structure, Ahmed Badaoui, membre du conseil national de l'UGTA et membre également de la plus haute instance de celle-ci, la commission exécutive nationale (CEN), se voit déchargé de toutes ses missions syndicales, en dehors de toute légalité, avec comme cerise sur le gâteau une plainte déposée par l'ex-directeur général des douanes (appuyée par Sidi Saïd) auprès du tribunal. Cette foudroyante réaction a créé un vent de panique au sein de la coordination, d'autant que d'autres syndicalistes, qui se sont exprimés pour une telle initiative, ont fait l'objet de lourdes sanctions. Après Badaoui, c'est au tour du secrétaire général de la fédération des retraités, M.Azzi. Pour avoir osé demander des explications sur les dépôts des fonds colossaux de la sécurité sociale et des retraités dans les caisses de la banque El Khalifa, Azzi a subi de nombreuses foudres, sans que le patron de l'UGTA n'apporte des précisions jusqu'à ce que l'opinion publique découvre, ébahie, le « j'assume » lancé par un Sidi Saïd très confiant à la magistrate du tribunal criminel de Blida, lors du procès de l'affaire Khalifa, lorsqu'elle a lui posé la question relative à sa signature sur la résolution d'un conseil qui ne s'est jamais réuni. Mais ce sont deux cadres de la sécurité sociale qui paieront cet acte. Le tribunal va apprendre aussi à l'opinion qu'un local du journal Révolution et Travail, appartenant aux travailleurs, a été cédé à Abdelmoumen Khalifa. Des révélations qui vont pousser Sidi Saïd à faire profil bas, à maintenir la situation de statu quo dans laquelle se trouve l'organisation. Azzi va alors subir les foudres de Sidi Saïd et tous les coups sont permis. Sa candidature aux élections législatives sous la casquette du RCD va accélérer sa mise à l'écart. Les attaques dirigées contre sa personne se terminent par une exclusion qui ne dit pas son nom de son poste de responsabilité au sein de la fédération des retraités. Fin 2007, Sidi Saïd, après avoir « court-circuité » tous ses opposants, s'annonce comme successeur à son propre poste, au moment où les syndicats autonomes marquent leur présence de plus en plus importante dans le monde du travail. Si, officiellement, deux candidats, Djenouhat et Sidi Saïd, se disputent le secrétariat général, officieusement seul Sidi Saïd se succédera à lui-même, puisque Djenouhat devant un parterre de secrétaires nationaux avait déclaré publiquement ne pas se présenter si Sidi Saïd déclare sa candidature.