Le gouvernement américain devrait introduire de nouvelles mesures pour sécuriser le système financier américain, selon des informations rapportées par la presse new- yorkaise. Cette présentation sera faite aujourd'hui même par le secrétaire au Trésor, Henry Paulson. De plus larges prérogatives seront accordées à la Réserve fédérale qui joue actuellement le rôle de banque centrale. Elle pourrait agir directement pour assurer la stabilité du marché en cas de menace. Le contrôle des comptes des entreprises privées qui peuvent représenter un danger pour le système financier est également prévu dans ce nouveau dispositif. Ces nouvelles mesures permettraient à la Réserve fédérale américaine de surveiller les marchés financiers afin d'éviter des crises comme celle des prêts hypothécaires à haut risque qui ont mis en crise l'économie américaine. Le rapport du gouvernement américain prévoit d'élargir les pouvoirs de la Réserve fédérale. Les nouvelles mesures autoriseront la Réserve à mener des enquêtes sur toute institution financière dont l'activité menacerait la stabilité financière et économique. Les banques commerciales comme les agences seront concernées par ce contrôle. Cette proposition de réforme à la différence des anciennes qui n'avaient pas pu obtenir l'aval de certaines institutions devrait connaître une plus grande attention au vu de la crise qui secoue les Etats-Unis. Même si elle inaugure une nouvelle forme d'intervention de l'Etat dans un système entièrement libéralisé. Le secrétaire au Trésor américain avait déjà donné le ton au début du mois de mars en déclarant que les autorités devaient poursuivre les contrevenants qui ont usé de pratiques de prêt frauduleuses et ont contribué à la crise actuelle de l'immobilier aux Etats-Unis. Il avait aussi indiqué que la plupart des gens qui ont contracté un emprunt hypothécaire lors du boom immobilier ne comprenaient pas les termes de leur contrat et ont été victimes de très mauvaises pratiques, tout à fait contraires à l'éthique, voire de fraude financière. « Nous devons poursuivre les contrevenants », avait-il estimé. M. Paulson avait aussi fait référence à la nécessité d'éduquer les Américains en matière de finances afin qu'ils soient capables de comprendre les contrats qu'ils signent. Toujours dans le même contexte, la Réserve fédérale a annoncé vendredi dernier qu'elle allait injecter, en deux fois, 100 milliards de dollars. La Fed avait précisé que la première adjudication de 50 milliards aura lieu le lundi 7 avril et la seconde le lundi 21 avril. La semaine passée, dans un entretien accordé au quotidien britannique The Independant, le prix Nobel d'économie (2001) et ancien vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale (1997-2000), l'Américain Joseph Stiglitz, a estimé que la crise financière actuelle trouve son origine dans le système des primes accordées aux banquiers qui les encourage à prendre des risques. « Le système des indemnités a très certainement contribué d'une manière importante à la crise. Il a été conçu pour encourager la prise de risques, mais il a encouragé la prise de risques excessifs. En fait, il les paie à faire des paris », a expliqué Stiglitz, l'économiste. « Quand les choses tournent bien, ils s'en tirent avec des primes énormes. Quand les choses tournent mal, comme maintenant, ils ne partagent pas les pertes. Même s'ils perdent leur emploi, ils s'en sortent avec d'importantes sommes d'argent », a-t-il indiqué. Le prix Nobel d'économie estime que les autorités de régulation financières n'ont pas fait ce qu'elles auraient dû faire. Les réglementations elles-mêmes n'ont pas suivi les innovations intervenues sur les marchés financiers, a-t-il soutenu.