Quand on évoque Mouzaïa, on parle inévitablement de sa terre fertile et ses 24 haouchs (fermes) spécialisés dans la vigne durant l'époque coloniale et reconvertis dans la culture des agrumes après l'indépendance. En dépit de la « forte » générosité de sa nature, ses habitants, notamment ses jeunes, y vivent mal. Ils n'ont d'autres « alternatives » que le recours à la drogue et aux autres formes de la délinquance. Mouzaïa est devenue ces dernières années un lieu de transit par excellence des stupéfiants, surtout au niveau de l'ex-village socialiste de Beni Chougrane où l'oisiveté y est mère de tous les vices. Ce village avait été inauguré en 1974 par le défunt président de la République, Houari Boumediène et recense plus de 2000 habitants qui manquent de tout. Chômage, promiscuité, absence des commodités modernes pour la vie quotidienne sont autant de caractéristiques du village distant d'une dizaine de kilomètres du chef-lieu de la commune de Mouzaïa. Rencontrés sur place, des jeunes de Beni Chougrane ont exprimé leur ras-le-bol devant des doléances non prises en charge. « On a beaucoup d'amis qui sombrent dans la drogue, car ils n'ont rien à faire ici et la nature a horreur du vide », nous disent-ils. Même ambiance dans le quartier de Oued Namous, connu pour ses habitations précaires érigées à l'époque du terrorisme par des familles provenant de l'intérieur du pays. Des constructions dangereuses surtout avec la crue de l'oued lors des fortes précipitations. Pour Haddou Djamel, chef de la daïra de Mouzaïa, la maison de jeunes de ce village sera réhabilitée. Ces jeunes souffrent énormément de l'oisiveté et les cinquante locaux commerciaux, bientôt opérationnels, seront juste un début en attendant la concrétisation d'autres projets. Notre interlocuteur nous informa que la commune de Mouzaïa connaîtra la concrétisation de plusieurs projets déjà inscrits. « L'année en cours concernera l'alimentation en eau potable, l'assainissement, la jeunesse et le sport, la culture, les routes et l'aménagement urbain », renchérit-il, tout en nous informant sur les 176 locaux professionnels programmés à Mouzaïa et destinés aux chômeurs : 100 d'entre eux ont déjà été réceptionnés avec la priorité à l'artisanat et aux métiers. Un nombre qui reste toutefois en deçà des attentes des jeunes de la région, vu le manque terrible en foncier urbanisable. Déficit également pour le secteur du logement puisque 112 chefs de famille seulement ont bénéficié d'un toit récemment, alors que 81 logements locatifs et 205 logements ,sociaux participatifs vont être distribués dans les prochains mois. Un faible quota par rapport à la forte demande des citoyens qui ne cesse de s'accroître.