Bâtie quelques années après l'indépendance, la bibliothèque de Mouzaïa, sise en face du siège de l'APC, n'existe plus réellement. Cédée en 1988 à l'organisation des moudjahidine sur décision du chef de daïra de l'époque, la bâtisse a été convertie en un musée, au grand dam des jeunes qui s'y rendaient, les condamnant à une errance infinie. Selon ces jeunes de l'époque, plutôt âgés aujourd'hui, depuis la fermeture de cette bibliothèque, qui ne contenait que quelques titres, Mouzaïa est devenue une ville où plus rien ne subsiste sauf la culture des cafés maures et du banditisme. Même le musée, censé préserver la mémoire collective, n'est ouvert que dans les grandes occasions nationales, à savoir deux fois par an. Selon les confirmations des habitants de la ville, il est rare de voir la porte du musée ouverte. Elle est au quotidien fermée à double tour soutenue par une deuxième porte en fer forgé, fermée aussi par un grand cadenas. Le secrétaire communal de l'organisation des moudjahidine de Mouzaïa, Ahmed Benali Abdelkader, avouera que cela est dû au manque de fonds. Ce même problème, selon ses dires, les empêchent de recruter un agent chargé d'y assurer la sécurité du patrimoine historique dépassant les 100 objets. « Nous avons formulé à plusieurs reprises des demandes d'aide financière au wali et à notre tutelle. Elles sont restées lettre morte », soutiendra-t-il. Pis encore, comme preuve d'absence de culture, la pierre naturelle taillée qui ornait les murs de l'édifice a été peinte en noir cachant ainsi toute sa beauté. Tout compte fait, l'infrastructure en elle-même ne sert réellement plus à rien. L'histoire est enfermée à longueur d'année et la culture complètement gelée, voire enterrée. Comme les 24 communes restantes de la wilaya de Blida, Mouzaïa n'a plus de bibliothèques, mais « heureusement » elle détient un projet d'une nouvelle structure. La commune de Mouzaïa promet à ses 60 000 habitants une nouvelle bibliothèque moderne qui sera implantée dans un secteur de forte concentration d'habitants. Ce projet qui coûtera plus de 30 millions de dinars a été inscrit en juin 2007 et n'a démarré qu'au début de l'année en cours. Selon Chouf Djilali, président de l'APC de Mouzaïa, c'est par faute d'argent que le projet n'a pas démarré. Selon ses dires, la bibliothèque sera réceptionnée en 2011. Pour les habitants de la commune, tout cela est trop beau pour y croire.