Chargé d'une mission de médiation entre Damas et Le Caire lors du 20e sommet arabe, le président Bouteflika a porté un message oral de la part du président syrien à Hosni Moubarak : Bachar Al Assad a demandé au président égyptien d'ouvrir un « dialogue profond et sérieux » entre Damas et Le Caire, « nécessaire à normaliser le climat des relations entre les deux pays », ont rapporté des sources syriennes et libanaises. Les deux rencontres tenues lundi au Caire entre les présidents algérien et égyptien ont été consacrées au dossier des relations arabo-arabes, thématique dominée par le 20e sommet arabe de Damas tenu les 29 et 30 mars. Sommet durant lequel l'Egypte, à l'instar de la Jordanie, du Maroc, de l'Arabie Saoudite notamment, ont choisi de baisser leur niveau de représentation. Le Caire et Riyad reprochent à Damas ses « ingérences » dans la question libanaise. Le président égyptien avait, dans une déclaration distribuée aux journalistes à Damas, exhorté la Syrie à « ouvrir une nouvelle page dans les relations interarabes en bannissant les différends et les conflits » et appelé à « l'élection sans délai du candidat de consensus (à la présidence libanaise) ». Le Liban est sans président depuis le 24 novembre 2007, faute d'un accord entre majorité et opposition. Dans le message porté par Bouteflika à Moubarak, la Syrie a nié toute « ingérence négative » au Liban et a indiqué que, au contraire, Damas « fournit des efforts pour aider les Libanais à élire un président de la République ». « La poursuite des désaccords entre nous n'est dans l'intérêt d'aucun de nous deux, ce que lie Damas et Le Caire devrait être plus important que des malentendus passagers », a exprimé Al Assad dans son message porté par M. Bouteflika, précisait hier le quotidien libanais Al Akhbar. A travers la médiation du président algérien, Al Assad a proposé à Moubarak un « dialogue direct » avec Le Caire à n'importe quel niveau et sans conditions préalables. Clarifiant la position de l'Egypte, le président Hosni Moubarak a répondu au président Bouteflika que « le problème principal n'est pas entre Damas et Le Caire », ajoutant qu'il avait déjà tenté d'aider les Syriens pour dépasser leurs querelles avec les Saoudiens. Mais le président égyptien a indiqué à son homologue algérien que « certains, dans l'entourage de Bachar Al Assad, ont nui à l'Arabie Saoudite, ce qui a déclenché une escalade médiatisée et une guerre des mots » entre Damas et Riyad. Si, d'après des sources libanaises, Moubarak a répondu positivement à la proposition du médiateur algérien, le président égyptien a néanmoins proposé au président Bouteflika de convaincre les Saoudiens de dialoguer eux aussi directement avec Damas. C'est dans ce contexte que certains médias au Liban ont évoqué la possibilité que M. Bouteflika organise à Alger un mini-sommet réunissant l'Arabie Saoudite, la Jordanie, l'Egypte et la Syrie autour de la question libanaise comme tentative de rapprocher – à défaut de concilier totalement les différentes parties – les points de vue.