Le Salon international de l'automobile a baissé rideau après avoir connu une affluence record. Le nombre de visiteurs enregistré lors de cette 12e édition frôle les 400 000, soit une hausse de 150 000 personnes par rapport à l'année dernière. Des « pics » ont été constatés durant les week-ends, rappelant ceux que connaissait autrefois la Foire internationale d'Alger, lorsque la FIA était une référence mondiale en la matière. Néanmoins, avec ses dizaines d'hectares, le palais des expositions des Pins maritimes, situé à 10 km à l'est d'Alger, s'est avéré « juste juste » pour les 69 exposants, pour reprendre l'expression d'un importateur. Le bâti n'aura pas suffi à contenir les centaines de modèles. Il a aussi fallu investir l'extérieur des pavillons dédié surtout aux véhicules utilitaires. Des dizaines d'importateurs devaient entreposer, pêle-mêle, des fourgons tôlés, des camions à benne, à plateaux ou des frigos et même des véhicules de tourisme, tant l'espace à l'intérieur valait son pesant d'or. A l'intérieur comme à l'extérieur, les stands n'ont pratiquement pas chômé. Les commerciaux se faisaient un plaisir de présenter leurs produits avec les détails les plus pointus, non sans soutirer de substantielles commandes. De l'avis des concessionnaires, le 12e SIA n'a jamais connu autant de commandes « fermes » à l'image de Peugeot qui écoulait pas moins de 115 ventes quotidiennes, de Hyundai (45 ventes) ou de Toyota (45 ventes), de ce salon (du 25 mars au 4 avril). Il est vrai que cette année, les nombreuses banques engagées dans le crédit automobile ont simplifié amplement la procédure. La voiture devient accessible à des pans entiers de la société, pour peu que l'acheteur potentiel soit salarié. Une avance de 10% et alors le « rêve » devient vite réalité. Cependant une autre réalité, amère celle-ci, devra inexorablement rattraper les souscripteurs : un endettement de 60 mois qui, au fil du temps, deviendra un lourd fardeau pour les ménages algériens. Cela étant, le SIA demeure la chasse gardée par excellence des marques étrangères. La voiture algérienne, même à taux d'intégration réduit, devra encore attendre pour se faire offrir un tout petit stand au sein de la Foire internationale de l'automobile. Les pessimistes arguent que l'environnement n'est pas propice à cela. Il faudrait au préalable qu' il y ait une assise industrielle dans le secteur de la sous-traitance notamment. Pour ce courant de pensée, construire un tissu de PME spécialisé dans la fabrication d'organes relève quasiment de l'impossible. En revanche, ceux qui se qualifient de « défenseurs invétérés » de la production nationale se disent confiants dans les capacités nationales. « Il ne faut pas oublier les centaines de petites et moyennes entreprises qui fabriquaient, il y a peu, toutes sortes de pièces comme les flexibles, les plaquettes de frein, la tapisserie, les caches pour feux (arrière et avant) et la liste est encore trop longue », rappelle un industriel membre du Forum des chefs d'entreprise. « Il faut juste les protéger de la déferlante du tout import », souligne, dépité, notre interlocuteur. Commentant les déclarations faites le 2 avril par Hamid Temmar, devant les concessionnaires étrangers, un économiste estime que le ministre n'a pas à « supplier tel ou tel importateur à implanter une usine de montage en Algérie ». « Un projet d'une telle ampleur devrait être concrétisé par l'Etat algérien. Il n'y a aucune honte à ce que l'industrie automobile tire sa force à partir du secteur public. Presque toutes les marques chinoises sont étatiques, Iran Khodro est également publique, même Peugeot et Renault, continuent d'appartenir partiellement à l'Etat français », tient à préciser l'expert.