On se rend compte, en sillonnant la ville de Tizi Ouzou dans la journée que les ordures sont omniprésentes. Les promeneurs sont agressés quotidiennement à la vue des immondices. Pourtant, il ne se passe pas un jour où on ne croise pas un camion ou un tracteur même en milieu de journée. Un effort est consenti, tant bien que mal, par les consommateurs et les commerçants pour respecter les règles d'usage. En effet, les ordures sont mises dans des sacs, mais entreposées à ciel ouvert à n'importe quelle heure et endroit. A défaut de bacs à ordures, de caissons et de niches, ce sont les cabines téléphoniques, les poteaux électriques, les rampes et les cages d' escaliers qui servent de repères pour les éboueurs et de dépotoirs pour les citoyens. Si on se fie aux explications du directeur de la voirie, M. Ferouj, les raisons sont d'ordre organisationnel et de civilité. A en croire ce dernier, le ramassage des ordures se fait quotidiennement, de nuit comme de jour. Les moyens de la municipalité, bien qu'insuffisants, sont déployés et sont opérationnels à 100%. Cependant, l'irrégularité du ramassage s'explique selon lui, par l'insuffisance des moyens humains. Mais aussi par inefficacité du matériel affrété pour la collecte. La dépendance de la direction aux autres services serait également comme un grain de sable dans la machine voirie, ajoute-t-il. « Il suffit qu'un camion tombe en panne et l'un des secteurs que nous gérons est privé de ramassage. Et, nous n'avons aucun contrôle sur les délais de réparation, puisque on dépend d'autres services. Les véhicules chinois posent énormément de problèmes. En plus de la rareté de la pièce détachée, nos mécaniciens sont plus habiles sur les camions qui sont montés localement. » Il ajoute que « le service n'est pas associé aux opérations que les démarcheurs effectuent dans l'achat des camions et l'outillage et le choix du concessionnaire. » Dans le domaine de la voirie, la commune de Tizi Ouzou est divisée en 19 secteurs. La flotte est composée de 8 camions à bennes tasseuses, 4 camions de marque chinoise et 2 tracteurs entre autres. La direction attend un renforcement en matériels d'une valeur de 23 millions de dinars. Sur le plan des effectifs, le personnel renferme une main-d'œuvre qualifiée, composée de 112 éboueurs, 28 balayeurs et 36 chauffeurs. En dépit de leur ferveur et le cœur qu'ils mettent dans le travail « ingrat » qu'ils font, ils sont payés de loin, au-dessous du SNMG qui est à 12 000 DA. Une cinquantaine d'entre eux sont toujours payés par la régie communale. La situation socioprofessionnelle des travailleurs de la voirie est contraignante et laisse à désirer. Ne disposant pas des équipements de protection, ces ouvriers sont directement exposés aux maladies. Douleurs rhumatismales (lumbagos), contusions, entorses, problèmes de vision et autres plaies sont les conséquences des accidents qui surviennent dans ce travail. Bien qu'elle existe, la médecine du travail procure des auscultations et délivre des ordonnances qui ne sont pas remboursables, apprend-on. Une convention a été signée entre l'APC et ce service médical, mais qui ne sert à rien, puisque les travailleurs sont orientés vers des cliniques privées, afin de poursuivre les soins, indiquent-ils. Les éboueurs revendiquent depuis très longtemps une indemnité sur l'insalubrité publique. Mais aussi, l'introduction d'une prime de panier dans l'espoir de renflouer leurs mensualités. D'autres services sociaux, comme la restauration et le transport, ces oubliés des pouvoirs publics n'en rêvent même pas. Une cantine ne serait pas de trop, de ce fait, pour ces hommes qui ramassent une moyenne de 150 tonnes d'ordures par jour, dont 60 tonnes émanent de l'université.