Le revirement inattendu du gouvernement vis-à-vis du dossier des sinistrés d'El Asnam est interprété comme une volonté manifeste de classer définitivement ce dossier qui concerne pas moins de 20 000 logements précaires occupés par plus de 100 000 familles. Chlef. De notre bureau On a d'abord supprimé en catimini l'aide financière et ensuite engagé des poursuites judiciaires contre le président de la coordination des cités en préfabriqué qui a osé dénoncer le changement intervenu et réclamé le rétablissement sans conditions du dispositif de soutien, tel que prévu dans la loi de finances de 2007. L'aide financière en question a été curieusement annulée dans la loi de finances de 2008 sans que l'on sache les véritables motivations. Elle devait s'ajouter aux crédits de même montant accordés par la CNEP pour la prise en charge de l'état de chaque baraque. Ces mesures, réclamées de longue date, visaient en fait à remplacer ce type d'habitat, dont la durée de vie est largement dépassée et qui représente un nid d'affections graves. A la grande surprise des familles concernées, le soutien prévu a été carrément supprimé et remplacé par des prêts bancaires de deux millions de dinars pour chaque propriétaire. Une décision qui signifie la fin d'une illusion pour les sinistrés et un désengagement total de l'Etat vis-à-vis de cette question, et ce, au moment où les caisses du Trésor débordent de réserves en devises. « Nous n'avons pas les moyens de contracter des crédits bancaires, même à des taux réduits. Nous pensons qu'il est du devoir de l'Etat de nous aider à reconstruire nos demeures et à éradiquer les stigmates du violent séisme qui avait durement frappé la région il y a 27 ans », diront des pères de famille. Le cri de détresse émane de tous les occupants, qu'ils soient propriétaires ou locataires. « Nous voulons rester sur les lieux et bénéficier de l'aide de l'Etat pour réhabiliter nos habitations dont certaines abritent plus de deux familles », clament-ils. Et ce n'est pas un hasard si les principaux centres de concentration de ce genre de construction, en l'occurrence Chlef et Chettia, ont enregistré les faibles taux de participation aux dernières élections (moins de 26%). Pour un problème commun, le gouvernement a plutôt retenu deux options différentes : des crédits bancaires pour les 12 000 chefs de famille ayant acquis leurs propriétés dans le cadre de la cession des biens de l'Etat et la réalisation de 6300 logements sociaux pour ceux occupant les lieux à titre de locataires. C'est une décision ferme du pouvoir et les dernières poursuites engagées contre le président de la coordination des sinistrés sonnent comme un avertissement aux rares voix discordantes. Celui-ci a fait l'objet d'une plainte du wali pour ses déclarations sur le sujet et devra comparaître le 20 avril en correctionnel.