Pour contenir la crise sociale dans laquelle se débattent les fonctionnaires, l'on recourt visiblement toujours aux mêmes pratiques. A la veille de la grande mobilisation des 23 syndicats autonomes de la Fonction publique (tous secteurs confondus), prévue pour les 13, 14 et 15 avril en cours, l'unique partenaire social du gouvernement, l'UGTA, rend publiques les augmentations pécuniaires induites par l'application de la nouvelle grille des salaires. C'est le patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, toujours dans son rôle de pompier, qui s'est empressé d'annoncer la « grosse cagnotte » aux fonctionnaires. « Aujourd'hui c'est la fête des travailleurs », lance-t-il lors d'un point de presse organisé exclusivement pour donner les détails de cet « acquis ». Occultant les problèmes internes de son organisation, nés notamment du dernier congrès, le secrétaire général de l'UGTA semble avoir fixé son objectif : annoncer surtout « la bonne nouvelle » aux travailleurs des secteurs concernés par le prochain débrayage auquel ont appelé les syndicats autonomes. Son intervention s'est limitée, en effet, aux secteurs de l'éducation, de l'enseignement supérieur, de l'administration, de la santé, de la formation professionnelle, des douanes et du commerce ainsi que des corps communs. Les gains nets des travailleurs à la faveur de cette grille applicable à partir du mois en cours, explique Sidi Saïd, varient entre 2000 DA et 24 000 DA, selon les secteurs et selon les catégories. Pour l'éducation, un des secteurs les plus ébranlés par les protestations depuis 2003, les augmentations varieront entre 7126,52 DA pour le maître d'école à 11235,65 DA pour les proviseurs. Dans l'enseignement supérieur, les gains nets vont de 4177 DA pour les assistants à 22 295 et 18 657 pour les professeurs, selon les échelons. Les travailleurs du secteur de la santé sont, à la lecture de leur grille, les moins lotis. Les augmentations dont ils bénéficieront ne dépasseront pas les 9000 DA. Les chirurgiens dentistes auront des augmentations allant de 1734,72 DA (ceux classés au 1er échelon) à 5546,36 DA (pour ceux classés au 10e échelon). Ce sont les médecins spécialistes classés au 8e échelon qui auront la plus forte augmentation avec 9911,65 DA. Dans l'administration communale, les augmentations des salaires varieront de 3334,60 DA et 8246,18 DA. « C'est un résultat assez intéressant pour les fonctionnaires », commente Abdelmadjid Sidi Saïd, en affirmant que les résultats réalisés ont été le fruit de 5156 réunions tenues depuis 2005 avec les représentants du gouvernement pour le traitement du dossier de la Fonction publique. « Je ne fais pas de l'autosatisfaction, les résultats sont modestes », dit-il en affirmant qu'il a toujours opté pour le dialogue dans « la défense des droits des travailleurs ». « Nous n'avons jamais utilisé les pressions pour avoir des résultats. Les pressions n'ont jamais réalisé des résultats », estime-t-il. Sidi Saïd a promis aussi d'autres augmentations aux fonctionnaires à la faveur du nouveau régime indemnitaire. Evoquant la question des statuts particuliers, l'orateur affirme que 44 textes sont déjà sur le bureau de la direction générale de la Fonction publique et 10 autres sont en cours de préparation. Par ailleurs, Abdelmadjid Sidi Saïd annonce que son organisation prépare des propositions pour la sauvegarde et la protection du pouvoir d'achat.