La déclaration de la ministre déléguée à la Réforme financière, Mme Fatiha Mentouri, jeudi dernier à la Radio nationale, a surpris nombre d'observateurs de la scène financière domestique. En signifiant que l'octroi d'agréments à d'autres banques étrangères devrait « marquer une pause », la ministre émet ainsi un signal défavorable à l'adresse des étrangers « qui peuvent l'interpréter comme une velléité de verrouillage de la place locale », estime-t-on au sein des milieux bancaires. Ces craintes, explique-t-on, peuvent être d'autant plus amplifiées que la déclaration de la ministre intervient au moment où l'on a déjà décidé d'un arrêt du processus d'ouverture de capital du Crédit populaire d'Algérie. Interrogées sur les raisons qui peuvent motiver le principe d'une halte pour l'octroi d'agréments aux banques étrangères, nos sources soulignent qu'une telle orientation peut être induite par les réticences liées aux effets de la crise des subprimes sur la place bancaire internationale. Néanmoins, affirme-t-on, s'il est tout à fait orthodoxe qu'on veuille être plus exigeant sur les critères d'implantation des banques étrangères en Algérie, il est en revanche « tout, sauf logique, de vouloir suspendre l'octroi d'agréments dans un pays nettement sous-bancarisé ». Il faut savoir en effet qu'avec un niveau évalué à un point bancaire pour 29 000 habitants, le taux de bancarisation en Algérie demeure très faible, y compris par rapport aux pays voisins qui atteignent des niveaux de couverture de quelque 1 point bancaire pour 12 à 15 000 habitants, selon nos sources. Aussi, alors que l'un des objectifs affichés de la politique de modernisation du système financier local est de doubler la capacité de couverture bancaire, l'idée de marquer une halte dans l'octroi d'agréments paraît peu cohérente. A fortiori quand on sait qu'une dizaine de banques étrangères sont actuellement en attente d'être autorisées à s'installer en Algérie. Qui plus est, une telle idée est d'autant plus surprenante pour les observateurs qu'elle émane d'un membre du gouvernement, alors que les prérogatives d'octroi d'agréments relèvent de la Banque d'Algérie, censée être autonome en la matière.