La situation des personnes atteintes de cancer et traitées dans les différentes structures des quatre régions du pays ne semble pas s'améliorer. Les témoignages des représentants des associations d'aide aux malades cancéreux sont édifiants. Réunis, jeudi, lors d'une journée d'information et de sensibilisation sur les droits des patients, organisée par l'association El Amel du Centre Pierre et Marie Curie à la Bibliothèque nationale du Hamma à Alger, ces représentants, venus de Djelfa, d'Oran de Constantine, de Annaba, d'El Oued, de Sidi Bel Abbès n'ont pas manqué d'énumérer les énormes difficultés rencontrées pour l'accès aux soins. Le manque de médicaments, le retard dans les rendez-vous, le manque de place dans les hôpitaux, le non-remboursement de certaines prestations, les déplacements souvent difficiles d'une ville à une autre sont autant d'obstacles qui se dressent devant ces personnes déjà affaiblies par la maladie. La prise en charge psychologique est, selon eux, quasi inexistante dans les centres, où cette catégorie de malades n'est pas toujours accueillie les bras ouverts. Les transferts d'un service à un autre pour des soins complémentaires (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, etc.) est aussi un des problèmes soulevés. Les rendez-vous et les séances de traitement sont rarement programmés dans les délais requis, alors que la maladie évolue très vite et les chances de survie réduites. « A défaut de rendez- vous au CPMC et de médecins spécialistes dans le Sud, certains de nos malades se rendent dans les pays voisins (Tunisie, Libye), à un coût très élevé, alors que les autres, soit 80%, se rendent à Alger avec toutes les peines du monde, en espérant être hospitalisés et hébergés », a signalé le représentant de l'association El Fedjr d'El Oued et d'ajouter : « Des bus sont mis à notre disposition par Djillali Mehri pour transporter nos malades vers Annaba, Constantine ou Alger. » A Sidi Bel Abbès, où un service d'oncologie vient de voir le jour, les malades sont toujours confrontés à des difficultés. « La radiothérapie n'est toujours pas disponible. Les malades démunis souffrent également du manque de considération. L'accès aux soins ne leur est pas facilité. Si leur carte de démunis est valable chez le médecin généraliste, elle ne l'est plus lorsqu'ils doivent acheter des médicaments, ou pour le remboursement du transport médicalisé », a indiqué le porte-parole de l'Association de Sidi Bel Abbès. Intervenant lors de cette rencontre, le directeur des structures de santé au ministère de la Santé, M. Bouakaz, a affirmé que l'Algérie est dotée d'un programme national de lutte contre le cancer et des moyens financiers colossaux ont été débloqués ces dernières années, notamment pour les équipements et les médicaments. Selon lui, il n y a pas de problème de prise en charge de ces malades. Il estime que le problématique réside dans le dossier médical qu'il faut instaurer pour un meilleur suivi du malade. « 168 unités d'oncologie sont mise en place dans les services de médecine interne à travers les établissements de santé publique, à savoir les CHU. 11 milliards de dinars ont été mis à la disposition des CHU pour l'approvisionnement en médicaments. La circulaire adressée aux CHU est claire à ce propos. L'Etat est prêt à acheter n'importe quel médicament pour soulager la douleur de ces malades », a-t-il déclaré. A entendre les deux parties, il est clair qu'il manque un maillon dans la chaîne pour coordonner et assurer une prise en charge efficiente.