Au deuxième jour de la grève lancée par une vingtaine de syndicats autonomes de la Fonction publique, la périphérie Est d'Alger était au rythme de la protesta qui a ciblé, notamment, les établissements hospitaliers et scolaires. Selon des témoignages recueillis sur les lieux, le taux du débrayage frôle les 85% dans les deux secteurs. Première escale : polyclinique des urgences de Baraki qui assure les services de médecine interne, endocrinologie, médecine du travail, chirurgie dentaire. Hormis les paramédicaux et les femmes de ménage qui ont assuré timidement leur activité, l'ensemble du personnel soignant, dont des médecins spécialistes, généralistes et dentistes était en grève. Le médecin en chef avance un taux de grève de 100%. « Les paramédicaux ont travaillé car ils ont fait, récemment, leur grève et ils ont eu gain de cause concernant le LMD », explique-t-il. A quelques encablures, l'école Colonel Amirouche (Baraki) était presque déserte, sauf deux vacataires qui assurent les cours, n'ayant plus droit à la grève. « Tous les enseignants titulaires ont séché les cours dimanche et lundi », témoigne un agent, déplorant, au passage, les promesses non tenues de la tutelle. Une virée dans cette bourgade renseigne sur un arrêt quasi-total dans les établissements scolaires. A l'école du 11 Décembre 1960, la grève a été suivie à 100%. Même paralysie à l'école de Bentalha. A l'école Doukani Saïd, seuls les contractuels étaient visibles sur les lieux. Globalement, à Baraki, Bentalha et Sidi Moussa, l'activité des écoles a été réduite au point mort. A El Harrach, où se trouve l'établissement hospitalier spécialisé, Salim Zmirli, les services orthopédie et traumatologie, chirurgie générale, médecine interne, neurochirurgie et réanimation activent au ralenti. « L'hôpital fonctionne comme une chaîne. Si un seul maillon manque, l'ensemble de la machine s'arrêtera », explique d'emblée un maître assistant qui semble acquis au mot d'ordre de grève. En effet, les maîtres assistants et les médecins docents ont répondu massivement à l'appel du débrayage dont le taux avoisine les 100%. Seuls les généralistes et les résidents prodiguent des soins d'urgence. Les paramédicaux, aussi, n'ont pas adhéré au mouvement de grève. Un médecin explique : « Les blessés et les traumatisés ou les malades hospitalisés sont pris en charge normalement. Cependant, les malades programmés ont été bloqués. » Un maître assistant, démoralisé au plus haut point, dénonce « le dénigrement » dont est victime la corporation de la santé. Le problème nodal, selon lui, réside dans la sourde oreille affichée par la tutelle envers les médecins. « Il y a absence totale de prise en charge des revendications », assène-t-il. Pour lui, la revendication portant révision de la grille des salaires n'est qu'une partie infime d'un ensemble de revendications socioprofessionnelles. L'essentiel, juge-t-il, consiste à garantir un profil de carrière pour les personnels de la santé. La grève ? « On est arrivé à une impasse. C'est un échec pour les deux parties (tutelle et syndicats), car seul le pauvre malade paie les frais », déplore-t-il. « On est arrivé à une situation où des Algériens partent en Tunisie ou au Liban pour se faire soigner d'un simple mal de tête », ironise-t-il, non sans regret.