La population du quartier Les Vergers, quartier rattaché à la commune de Bir Mourad Raïs, a explosé au gré des livraisons de logements. Evaluée à moins de 2000 habitants à la fin des années 70, elle dépasserait allégrement les 30 000 âmes aujourd'hui, avec tous les inconvénients d'une zone d'habitat nouvelle en termes de sous-équipements socioculturels. Si l'absence d'équipements de proximité (aires de jeux, centre culturel, bibliothèque, etc.) est très mal vécue par les résidents, notamment les plus jeunes, c'est surtout au niveau de la sécurité et du maintien de l'ordre public que les choses vont le plus mal. Il faut en effet savoir que dans ce quartier déjà très peuplé et, de surcroît, soumis à un fort accroissement démographique, la police de proximité est totalement absente. La sûreté urbaine chargée d'assurer l'ordre public est implantée à Saïd Hamdine, contraignant les résidents du quartier à effectuer un déplacement de plusieurs kilomètres pour y remplir des formalités, signaler des incidents ou déposer plainte pour divers motifs. L'absence de policiers, ne serait-ce qu'au niveau des principaux axes routiers, a déjà engendré une belle pagaille, avec, à la clé, le stationnement de véhicules en travers des trottoirs de l'avenue principale, l'accaparement d'importants espaces publics par un laveur de voitures, l'obstruction de l'entrée d'une cité d'habitat (El Mahdia) aux heures de sortie des écoles par les automobiles de parents d'élèves, et, depuis peu, des marchands ambulants qui se sont installés en toute impunité du côté du principal rond-point du quartier. Les bagarres nées de l'indiscipline des conducteurs sont courantes et les plus anciens résidents assistent, médusés, à la dégradation de leur cadre de vie. Un commerçant septuagénaire, qui y tient boutique depuis pratiquement l'indépendance du pays, nous rappelle avec une certaine nostalgie « que du temps de Boumediène, il n'y avait pas de commissariat dans le quartier, mais un fourgon de police était stationné nuit et jour au niveau du grand rond-point. Les policiers assuraient efficacement la sécurité, dissuadaient par leur présence les malfaiteurs et réagissaient promptement aux plaintes des citoyens ». La réalisation d'une antenne de police exigeant beaucoup de temps, le chef de la sûreté urbaine de Bir Mourad Rais pourrait, en effet, recourir utilement à cette pratique pour assurer un minimum de tranquillité à ce quartier qui, faute de présence policière, est en train de sombrer progressivement dans le désordre.