Arrivée jeudi dernier à Béchar, dans le but de faire taire définitivement les divergences et enterrer la hache de guerre entre frères ennemis du FLN, la délégation de la coordination nationale, composée du vice-président de l'APN, M'hammedi Miloud, du député de Chlef, Lakouas Lahouari et du député de Bouira, Zougari Saäd, a eu du mal à convaincre les militants des deux tendances du FLN à transcender leurs profondes divergences et à les faire asseoir à la même table. Car la commission de wilaya devant être mise sur pied doit achever les travaux avant le 5 décembre, et les recommandations de la récente instruction reçue par les militants vont dans ce sens et mettent l'accent sur une véritable réconciliation entre les deux irréductibles adversaires en vue de la préparation du 8e congrès du FLN. Mais le discours résolument réconciliateur et empreint d'une philosophie pédagogique, adressé dans la soirée du jeudi par le député de Chlef à un parterre de militants du FLN, semble apparemment buter sur l'intransigeance de certains partisans du mouvement de redressement. Se prévalant toujours de la légitimité incarnée, du fait du ralliement du grand nombre d'élus à leur cause (45 élus, affirment-ils, en plus du récent ralliement du P/APC de Béchar), les redresseurs se sont montrés déterminés, devant les émissaires d'Alger, à en découdre avec les représentants de l'aile Benflis qui n'incarnent, à leurs yeux, ni légalité ni légitimité. Or, c'est précisément le langage marqué par l'ostracisme qu'ont voulu éviter d'entendre les émissaires qui n'ont pas cessé de faire la navette, tard dans la soirée de jeudi, entre les représentants des deux tendances opposées du FLN, en vue de trouver un terrain d'entente. La préoccupation majeure, disent les envoyés de la coordination nationale, est d'abord de faire taire les rancœurs et d'amener les deux parties antagonistes à se parler pour, ensuite, arracher des concessions de part et d'autre pour atteindre l'objectif prioritaire et déclaré, à savoir la résolution politique du conflit. L'aboutissement d'une telle démarche, soulignent les délégués d'Alger, doit déboucher sur la mise sur pied, avant le 5 décembre, de la commission de wilaya dont la composition est définie par la récente instruction de la coordination nationale, et qui sera chargée d'émettre des propositions et l'enrichissements des travaux des militants de la base pour le 8e congrès du FLN. « Nous ne sommes pas des juges venus pour trancher en faveur de l'une ou l'autre partie sur la base des éléments fournis, car les mêmes reproches et récriminations entendus chez vos adversaires sont développés par vous », a martelé le député Lakouas en direction des militants du mouvement des redresseurs. « L'exclusion n'est pas une manière de résoudre un conflit, au contraire elle l'aggrave », a encore souligné l'émissaire. « Notre souhait est de voir se reproduire, à l'échelle des wilayas, l'exemple des deux tendances du FLN - envoyées par la coordination nationale - qui sillonnent les régions pour expliquer aux militants le souci de la direction d'aboutir à une véritable réconciliation afin de sauvegarder la cohésion et les rangs des militants du FLN », ont ajouté les trois émissaires. Mais, dans la journée du vendredi, les choses semblaient pourtant évoluer dans le bon sens, dans la mesure où les émissaires ont réussi une première manche en arrivant à faire asseoir à la même table les deux adversaires au siège de la commission provisoire de la mouhafadha. Les trois délégués étaient sur le point, nous a-t-on informés, de réussir à convaincre les antagonistes (les partisans de Benflis et ceux de Belkhadem) à constituer la commission de wilaya, sur la base des recommandations contenues et définies dans l'instruction de la coordination, et dégager le nombre des délégués de wilaya devant prendre part aux assises du prochain congrès, lorsque l'apparition d'une autre aile dite des redresseurs, représentée par un membre du comité central, a précipité les évènements. Rejeté par le mouvement qui se dit incarner la légitimité et ne voulant en aucun cas dialoguer avec cette aile, les pourparlers engagés sous les auspices des trois émissaires ne pouvaient trouver d'autre issue que la remise en cause de la rencontre elle-même. Tard dans la soirée du vendredi, les délégués venus d'Alger ont repris le chemin du retour sans avoir réussi à réconcilier les frères ennemis du FLN.