Le lundi 15 novembre, les ministres des Finances européens étaient réunis à Bruxelles. Ils ont bien évidemment tenu un conciliabule autour de la monnaie européenne dont la hausse face au dollar ne semble plus vouloir s'arrêter. Certains ont évoqué la possibilité d'une « intervention coordonnée » des pays du G7. Las... Point de solution à l'horizon. Il semble clair que les déficits publics et commerciaux américains soient les responsables de la baisse vertigineuse du dollar. Pourtant, outre-Atlantique, une intervention sur les marchés est exclue. Et le mardi 6 novembre, Le Figaro constate que « les Douze sont impuissants face à la hausse de l'euro ». En effet, John Snow, secrétaire d'Etat au Trésor américain, l'affirme désormais sans complexe : le gouvernement américain souhaite un dollar fort, mais ne fera rien... « La valeur des devises doit être déterminée sur un marché ouvert et concurrentiel », prône-t-on à Washington. En clair, la baisse du dollar et la hausse de l'euro sont un avantage non négligeable pour le commerce américain et il n'est pas question de perturber cette tendance. Vendredi 29 novembre s'est tenu à Berlin le forum du G20 (rassemblement des pays les plus riches et des grands pays émergents). John Snow y était bien entendu présent pour présenter à ses partenaires européens les non-intentions américaines. Or les tendances sur les marchés des changes ont des conséquences sur l'économie et la croissance. Les Etats-Unis sont évidemment satisfaits de la situation actuelle. Ils creusent leur déficit, et les pays qui possèdent des réserves en dollars doivent continuer à en racheter pour compenser leur perte de valeur. C'est le cas des pays asiatiques, mais également de l'ensemble des pays du monde. L'Union européenne (UE) voit, pour sa part, le prix de ses exportations augmenter et ses clients rechigner. Ses partenaires privilégiés, comme l'Algérie, dépendant à environ 65% des exportaions européennes, voient leur facture commerciale s'alourdir fortement. Mais à terme, ce déséquilibre peut-il générer une crise, et quelles seraient les conséquences pour l'UE et ses partenaires ? Le professeur Bourguinat, spécialiste français en finance internationale, a bien voulu répondre aux questions d'El Watan.