Depuis une quinzaine de jours, certaines rues semblent retrouver leur fluidité piétonne et automobile grâce à la puissance publique qui a décidé de passer à l'action. Ainsi, les petits revendeurs qui squattaient certaines artères ne congestionnent plus la voie publique. C'est le cas de la rue Bab El Oued et les abords de la place des Martyrs où le marché informel investissait à longueur de journée les trottoirs et la chaussée, bravant de fait l'ordre public. Des espaces, en effet, sont en cours de réaménagement pour « parquer », selon une source de l'APC de La Casbah, les petits revendeurs de friperie et autres usages domestiques pour la ménagère. Mais à un jet de pierre de cet endroit « commerçant », d'autres lieux publics restent toujours obstrués par des revendeurs qui ont toujours pignon sur rue comme le long de la rue Arbadji (ex-rue Randon) où certains petits nababs se sont appropriés les lieux publics qui s'arrachent à coups de millions de centimes, nous disent certains propriétaires de magasins qui ont fini, après avoir observé plusieurs grèves de nature à interpeller la puissance publique, par baisser les bras devant cette invasion de vendeurs de « fortune » qui font dans la concurrence déloyale. A la rue Bouzrina (ex-rue de La Lyre), le même décor meuble le long des arcades et le piéton doit jouer des coudes pour se frayer un chemin. Le soir, les étals et tout un tas de ferraille sont cadenassés aux piliers des arcades de ladite rue. A croire que l'usage devient loi et « un arpent de trottoir est négocié à prix fort », nous susurre un vendeur de cigarettes qui se fait relayer par son voisin écoulant à même la chaussée les articles ménagers et autres tissus made in « là-bas ». « Si l'endroit est grouillant de monde, la place se fait convoiter entre cinq et dix millions de centimes, voire plus, parfois », nous confie un vendeur de jeans au label contrefait. Dire aussi que tout le monde semble trouver son compte, excepté l'administration fiscale qui enregistre un manque à gagner criant, tempête un propriétaire de magasin qui demeure impuissant devant cette concurrence déloyale que produit le commerce informel. « En outre, renchérit-il, les tas d'immondices que laissent les vendeurs le soir, bloquent la voie publique. » Ainsi, de l'importateur au petit vendeur en passant par la ménagère qui n'a pas trop à se plaindre des prix des produits de pacotille qu'elle trouve attrayants, le petit commerce de rue reste une opportunité florissante. Voire indétrônable.