L'archipel Habibas, au nord-ouest d'Oran, qui recèle des espèces végétales uniques au monde, est ciblé par un programme visant à faire de cette plus belle réserve naturelle de la Méditerranée une destination écotouristique attrayante. Oran. De notre bureau Jeudi 25 avril 2008. Il est 9h et cette matinée printanière bien chaude et ensoleillée ne fait que commencer. Nous embarquons à bord d'une vedette, petite embarcation qui s'ébranle à partir du port de pêche d'Oran. Cap sur le plus bel archipel de la Méditerranée : Habibas. La mer est calme. Au bout de 90 minutes de navigation, nous accostons sur l'archipel. Une succession de massifs montagneux entourés par la grande bleue situés à une quarantaine de kilomètres au large d'Oran. Sur place, un groupe de scientifiques français et espagnols arrivés au port d'Oran à bord du voilier Fleur de Lampaul, de la fondation Nicolas Hulot, nous explique leur mission sur les lieux : mettre en œuvre le projet intitulé « La préservation et la promotion de la réserve des îles Habibas » entrant dans le cadre de la mission scientifique « Petites îles de Méditerranée 2008 » confié au Commissariat algérien du littoral et son homologue français. Un projet cofinancé par l'Etat algérien et le Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM) qui a accordé une contribution de 3 millions d'euros. Concrètement, le projet vise à accoucher d'un plan de gestion des îles Habibas. Dans la foulée, « un jumelage entre les îles d'Oran et celles de Marseille voit le jour », explique Patrick Vidal, gestionnaire de l'archipel Frioul de Marseille. L'objectif est de « faire partager à leurs homologues oranais l'expérience marseillaise dans la gestion des îles ». Deux ingénieurs gestionnaires algériens des îles et deux éco-gardiens sont déjà formés. Du coup, un plan et un comité de gestion qui seront placés sous l'autorité du wali devraient être mis en place. Une mission scientifique, la quatrième du genre, vient d'arriver à terme. Autre mission : mettre en place un cadastre des espèces de la flore et de la faune que recèle cet archipel. Résultat partiel : un trésor, un concentré de l'écosystème méditerranéen. 110 espèces végétales ont déjà été répertoriées dont les plus prestigieuses ont pour nom la spergulaire et le choux des Habibas. Parmi les espèces d'oiseaux nicheurs inventoriées, Alain Nante, ornithologue et conservateur des îles de Marseille du centre d'études des écosystèmes de Provence (CEEP), cite par exemple les 3000 couples nicheurs appelés goueland leucophée, le puffin cendré, les faucons, l'albatros... La faune sous-marine est toute aussi riche aux abords de l'archipel : les Espagnols attestent que le site renferme la plus grande population de palettes géantes du monde, une espèce de coquillage. Ce mollusque des Habibas peut atteindre jusqu'à 14 cm de diamètre. « Garder le site à l'état sauvage », c'est là l'objectif que se fixe une cellule de réhabilitation de l'archipel des Habibas qui a été récemment installée à Oran. C'est aussi le but de Ahmed Benmahdi, président des Amis de la mer, une association qui organise souvent des actions de volontariat pour le maintien de la propreté du site et qui vient de produire une étude pour la préservation de l'environnement marin du littoral oranais.