Après Tizi Ouzou et Azazga, les participants à la 3e édition du Festival de la musique rap ont triomphé, jeudi dernier, au stade de la ville de Larbaâ Nath Irathen. Une clôture en apothéose. Rap, break dance, beat box. La culture hip-hop était à l'affiche, ce jeudi après-midi, au stade de Larbaâ Nath Irathen. L'occasion : la tenue de la troisième et dernière journée du Festival national de la musique rap, organisé par l'association Tizi pour les jeunes. Temps radieux, plateau de qualité, composé d'une dizaine de groupes excellant dans le rap, un public jeune et réceptif, tous les ingrédients sont réunis pour faire la fête. C'est par un cocktail de tubes endiablés, sélectionnés par le remuant Dj Yak, que sera donné le coup d'envoi du concert dans une ambiance électrique. Bon départ. L'assistance, qui semble apprécier, répond par des applaudissements et des pas de danses collectifs. Les organisateurs enchaînent avec un show de danse pop, exécuté par Nazgul Screw, une jeune troupe de la maison de jeunes de Larbaâ Nath Irathen. Il est presque 16 h, place au rap. Le premier groupe à monter sur scène est le collectif Expression composé de quatre membres en l'occurrence : Philo Phénomène de Sidi Bel Abbès, Nour, Amine du groupe La rage, Sow et Amar, un spécialiste de l'harmonica et du beat box, une technique qui consiste à imiter la musique instrumentale avec la bouche. Pour l'entame, Expression a choisi un morceau en hommage au chanteur Matoub Lounès et à Guermah Massinissa, première victime des événements tragiques de Kabylie d'avril 2001. S'ensuivirent Histoire noire, Bougez, bougez et d'autres airs débités de façon rapide et saccadée. Interrogé à la fin du spectacle, Amine La rage, le chanteur fétiche du groupe, n'a pas caché sa joie de se produire à nouveau dans la wilaya de Tizi Ouzou. « J'aime la Kabylie pour la liberté d'expression. En 2003 à Alger, la police m'a fait descendre de la scène et emmené au commissariat pour avoir chanté certaines vérités. Je ne peux pas dire sur scène que tout va bien chez nous, que l'Algérie c'est la Suisse. » Ecrits majoritairement en arabe « darja » et touchant à des thèmes divers, les textes des rappeurs expriment en fait le mal-être d'une jeunesse assoiffée d'amour, de liberté, de vie tout simplement. Paru aux USA au début des années 70, le hip-hop est un mouvement culturel et artistique qui mêle des aspects festifs et revendicatifs. Et les groupes présents, lors de ce festival qui en est à sa troisième édition, n'ont pas dérogé pas à la règle en la matière. Il s'agit notamment de Mafia Crew, Junior Mafia, Lotfi the Lord, Ghetto Chhoud, Creasy H, Zenka Résistance, Génération Style et New Guless Crew. Amine, représentant du groupe Mafia Crew, explique le combat des rappeurs algériens : « On est porteurs d'un message à tous les jeunes qui font partie de la culture rap, beat box et ses dérivés. Le rap est un art qui a la capacité de prononcer plus de mots comparativement au chaâbi, au raï ou à la chanson kabyle. Personnellement, mon message est la mobilisation des jeunes et la canalisation des énergies et des compétences positivement et non pas pour faire du mal, être un harrag, un terroriste ou un suicidaire. Le rap signifie pour nous ‘'revolution algerian people''. Nous l'exprimons d'une façon artistique et pacifique. Les choses vont mal dans notre pays. Nous avons choisi cet art pour dire ce que nous pensons, donner notre vision sur l'Algérie, discuter de la réalité que nous vivons dans nos quartiers populaires. Le rap, tel que nous le concevons est le miroir de la réalité de la rue », analyse notre interlocuteur. 18 h, les chanteurs continuaient à se relayer sur les planches. Belle soirée en perspective.