Le colloque, qui s'est tenu à Témouchent sur la personnalité d'El Bouhmidi à l'initiative de l'association éponyme, répondait-il à un souci de célébration de l'homme, et, à travers lui, de la légitimation d'une région à l'instar de nombreux autres pseudo-rencontres scientifiques qui se tiennent à travers le pays ? Ou alors, avait-il un objet plus en rapport avec sa dénomination, c'est-à-dire l'institution de ce khalife de l'Emir Abdelkader, comme objet d'étude ? La question se pose d'autant que pour sa première édition, le colloque a oscillé entre l'une et l'autre version, la première ayant donné le ton avec la lecture du Coran en ouverture des travaux, l'hymne national, lui aussi prévu, n'a pu être entendu. Si l'initiative d'un colloque à Témouchent est heureuse d'autant qu'il a été fait appel à l'Université de Sidi Bel Abbès pour le piloter sur le plan scientifique, il n'en reste pas moins vrai que presque toutes les communications n'ont rien rapporté rien d'essentiel sur l'intitulé du colloque, ayant plutôt traité de questions relatives à l'Emir, et par ricochet, à El Bouhmidi. Pis, certaines d'un niveau franchement scolaire ont versé dans l'apologie et le discours propagandiste que dans le propos scientifique, usant d'une terminologie puisée du bréviaire des idéologues que des concepts académiques. Certains rivalisèrent de louanges, faisant en particulier de l'Emir le devancier en matière de glasnost et de bonne gouvernance. Pis, on retiendra la diatribe de cet enseignant de Constantine contre un collègue bel Abbésien, l'accusant de « vouloir tout détruire », ce dernier ayant « osé » affirmer que le choix porté par l'Emir sur El Bouhmidi à la tête du khalifa de Tlemcen le fut en raison du poids de sa tribu, dont le territoire est voisin de l'ex-capitale des Zianides et que pour avoir placé des « ruraux » à la tête des cités, l'Emir avait reproduit le schéma traditionnel dans la constitution des Etats médiévaux. C'est dire si les organisateurs et leurs partenaires du secteur de la culture et de l'université devraient revoir leur copie l'année prochaine. Ils devraient en particulier tenir compte de l'apport d'une communication qui, bien que ne portant pas sur El Bouhmidi, a mis le doigt sur la plaie. Ainsi, s'appuyant sur l'analyse des discours et la théorie de l'énonciation, elle fit ressortir les caractéristiques du discours historique, celles-là même qui ont fait défaut à l'écrasante majorité des communications.