Près de Raïs, une vingtaine de familles vivent dans des habitations précaires entourées d'arbres laquiers qui produisent une matière rouge brun, employée souvent en peinture, d'où cette localité perdue a pris son nom depuis la période coloniale. La Laquière, le nom donné par les habitants, représente l'image du sous-développement mais aussi de l'exclusion. Sans eau potable, ni réseau d'assainissement, ni activité productrice, les chefs de famille se débattent dans la misère depuis l'orée de l'indépendance. Selon l'agent de bureau à Sidi Moussa, le seul à avoir brigué le niveau de la terminale, heureusement que la Laquière est tout proche de la localité de Raïs, où les enfants sont scolarisés. « C'est le seul avantage qui encourage les habitants à y vivre malgré tout », explique l'unique propriétaire d'une boutique d'alimentation générale qui s'approvisionne des épiciers de Raïs ou de Sidi Moussa afin de satisfaire les besoins de ses covillageois, isolés et coupés du monde. Cependant, l'agent de recensement a osé, hier, leur rendre visite. Selon lui, l'APC est au courant dès aujourd'hui de ces exclus du développement local. Au niveau de l'annexe communale de Raïs, on parle d'une promesse faite lors du passage des membres de la nouvelle assemblée populaire de prendre en charge ce patelin perdu dans le cadre du plan de réhabilitation des vieux quartiers. Pour une longue durée, cette partie de la forêt a été conçue pour une localité limitrophe de communes de Larbaâ, les Eucalyptus et Sidi Moussa. A cette dernière, fut rattaché le village après le découpage administratif de 1986. Depuis, rien n'a été fait au profit des familles, dont un bon nombre s'est déplacé vers les localités avoisinantes pendant que d'autres se plaignent ces derniers jours de la soif. La perturbation de la distribution de l'eau potable est constatée chez leurs malchanceux voisins du quartier Nezzali. En attendant la réparation de la station de Raïs, les habitants de la forêt restent encore perdus dans la Laquière.